Voilà un film qui manque cruellement de moyens il faut le dire. Mais cela est pour ma part totalement pardonné lorsque l'on constate que le CNC, très enclin à filer 4 millions d' euros en moyenne pour financer des navets, laisse Carron se dépatouiller avec un sujet aussi brulant.
Le résultat est que l'on ne peut pas exiger qu'une réalisatrice qui produit des films pour 100.000€, là des grosses bouses dépassent les 10 millions de subventions prélevées sur nos impôts et qui ne financeront pas la retraite de nos vieux mais uniquement le cachet d'acteurs pistonnés, fournisse une haute qualité de décors, d'accessoires et mette en scène des acteurs mieux payés (je n'ai pas écrit meilleurs), ce qui n'enlèvera rien à la surprise de revoir Walid Afkir que bon nombre apprécie dans les Rois mages des Inconnus.
Passé cette première réalité revenons à la seconde : le film.
Si vous voulez des discours enchanteurs sur l'islam et les hommes passez votre chemin car ici tout est dit, tout est cru, tout est sans filtre.
Le risque pour le spectateur est de se focaliser sur les événements montrés à l'écran et leur dénouement, et ainsi, de passer à côté du fond du sujet qui n'est pas la guerre, qui n'est pas la religion, qui n'est pas le fanatisme, qui n'est pas la pauvreté ni la maladie mais tout simplement la condition des femmes.
Un tour de force féminin sans la vulgarité des gougnafières* qui voudraient en avoir le monopole.
Cette scène poignante d'une épouse voilée qui se libère de sa soumission au mâle pour se laver les cheveux, symbole de force attirante irrésistible, et termine seins nus, symbole nourricier fantasmatique, devant un époux médusé, laquelle transpire son désir d'être libre pour pouvoir aimer justement, montre in fine que les hommes, qu'ils s'affichent en modérés ou radicaux, se côtoient tous invoquant le même dogme, quel qu'il soit, pour le plus grand malheur des femmes.
* Gougnafier n'a pas de féminin... Innovons. Car dans la bêtise, des femmes ont désormais vraiment réussi à devenir égales des hommes.