Il est assez délicat d'analyser le fond d'un film comme "Black Hawk Down". Car s'il retrace un raid américain mené en Somalie en 1993, lors d'une opération autorisée par l'ONU, il est sorti seulement quelques mois après les attentats du 11 septembre 2001. Et donc peu de temps avant les frappes en Afghanistan, ou l'invasion américaine de l'Irak en 2003. Difficile de ne pas faire le rapprochement (involontaire), surtout pour ceux qui comme moi, ont vu pour la première fois le film dans les années 2000.
Avec la présence de Jerry Bruckheimer à la production, on pouvait de plus craindre un délire patriotique. Pourtant ce n'est pas vraiment le cas. Certes, le scénario se centre quasi exclusivement sur les Américains, s'émouvant de leurs quelques pertes quand les centaines de Somaliens tombés font office de chair à canon. Certes, il contient des inexactitudes, et omet presque l'implication des troupes pakistanaises et malaisiennes qui ont également combattu.
Néanmoins, Ridley Scott ne fait pas de politique, et centre plutôt son film sur la camaraderie militaire, et surtout des soldats complètement dépassés. Sous-estimant leur adversaire, s'attendant à effectuer un raid d'une heure, ils vont pénétrer dans un enfer insoupçonné, qui révèlera l'intérêt de leur entraînement et de leurs liens.
Les 2h24 permettent à ce niveau de s'attacher à de nombreux personnages, incarnés par une flopée d'acteurs qui deviendront des têtes connues dans les années 2000, plus quelques vétérans. Entre autre, on repère Tom Hardy dans son premier rôle. Pour l'anecdote, si la plupart des personnages sont réels, celui incarné par Ewan McGregor a été modifié, son "modèle" dans la vraie vie ayant été condamné pour des crimes sordides après 1993 !
Mais ce qui fait tout le sel du film, c'est évidemment sa mise en scène. La bataille sauvage et urbaine occupe presque toute la durée, montrant de jeunes soldats dépassés tentant de s'échapper d'un hachoir à viande. Elle est filmée de manière percutante, s'inspirant évidemment énormément de "Saving Private Ryan" (caméra à l'épaule, morts violentes, montage sonore riche, etc.).
"Black Hawk Down" a cependant sa propre identité visuelle, immersive et réaliste, qui sera d'ailleurs reprise sans surprise dans de nombreux films et jeux vidéos des années 2000.