La Cité de Dieu par Kroakkroqgar

'Cidade de Deus' est une véritable dynamite. Entre un récit coloré, un rythme trépidant, un montage épileptique et des scènes d'actions dynamiques, le film de Fernando Meirelles et Katia Lund tient en haleine de bout en bout.

Aussi coloré qu'un film de Quentin Tarantino ou Guy Ritchie, le scénario multiplie les flashbacks ingénieux à la mise en scène percutante (l'histoire de l'appartement et le destin de Petit Zé sont inoubliables) et les retournements de situations pervers (le destin du frère de Fusée). Les excès de l’œuvre (le sadisme de Petit Dé) rappellent les passages les plus saisissants de 'Django Unchained' tandis que l'intelligence du récit parvient à tirer quelques sourires aigre-doux au spectateur (la numéro de la boulangère parti en fumer).

La réalisation est très inventive, à l'image de la séquence d'introduction phénoménale, des contre-plongés sur Petit Dé iconique, ou du montage agressif lors des guerillas urbaines. Avec ses personnages hauts en couleurs interprétés par un casting talentueux (Phellipe Haagensen en Bené aux allures de Neymar Junior) et sa bande-originale dansante, l'oeuvre est une samba dramatique, une capoeira où tous les coups sont permis.

Mais malgré ses tonalités aussi folles qu'un carnaval à Rio, 'Cidade de Deus' est un véritable manifeste de la situation sociale au Bresil. Ingérence démographique à Rio de Janeiro, police et gouvernement corrompus, récession économique, violence et drogues banalisées, sécurité dans les favelas assuré par les gangs : 16 ans après le film, le Brésil ne s'est toujours pas extirpé du cercle vicieux présenté à l'écran.