City of hope.
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Filmer dans les bidonvilles de Calcutta, c'était peut-être un défi plus grand que celui dont le film munit son personnage principal. Max, médecin américain meurtri à la recherche (sceptique) de l'illumination indienne, désabusé, cherche un moyen de retourner aux États-Unis mais se retrouve volé et démuni. Ce problème, Max le prend à la légère, ce qui apporte un contrepoint énorme au tournage quand on sait que ce dernier a, quant à lui, fait face à des accusations de meurtre (infondées), à la censure locale, à l'univers agité de la ville et au dangereux enflement du budget que toutes ces contraintes occasionnèrent.
La gentille Anglaise campée par Pauline Collins, vectrice de quelques bribes spirituelles bien senties, nous dit qu'il y a trois voies : fuir, contempler, ou s'engager. Or c'est loin d'être un film qui n'a fait que contempler. La Cité de la Joie s'engage corps et âme.
Couvrant bien l'exode rural induit par les usuriers, mettant constamment le monde du travail en filigrane, ne laissant pas les chocs culturels faire de zèle, traitant la pauvreté et la maladie avec toute la beauté du monde, bref : on ne peut qu'espérer que l'hypocrisie qui s'est glissée dans tout cela est en doses modestes. Car il y en a toujours dans les productions engagées, et cela se sent ici : peu de rapports de forces sont assez soignés pour sortir le scénario de son fil rouge manichéen d'opposition de la population au parrain du quartier, et le scénario s'assure d'être au maximum d'exhaustivité en recourant à des extrêmes en matière de positif et de négatif, ce qui est assez caricatural.
Ce qui est donc un grand spectacle faisant honneur aux (un peu naïves) années 1990, c'est alors aussi un gruyère qui dissimule bien ses trous sans se cacher de son incapacité à les boucher tous. On se concentrera sur un Swayze ni blanc ni noir (sans mauvais jeu de mots) qui met un doute complet quant à savoir si son personnage a le cœur sur la main ou s'il est en réalité égoïste.
On a tous les symptômes d'une écriture et d'une mise en scène qui font beaucoup plus que ce qu'on leur demande, mais qui le font quand même bien (ça aussi, c'est so nineties). Si bien que même l'Inde, qui est tâtillone sur la vision qu'on donne d'elle, a entériné la création de Joffé. Et ce, malgré l'œil candide et biaisé qu'on a jeté sur elle, et les grosses bottes qu'on a mises pour y flâner.
Créée
le 18 nov. 2020
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