Pas de souffle sur les Coquelicots
Laissant de côté le lyrisme environnemental de Hayao Miyazaki, tout comme l'héroïc-fantasy de son précédent film, « la Colline aux coquelicots » plonge dans le Japon du début des années 60, tout juste relevé de la Guerre et pas encore totalement entré dans la modernité de la décennie suivante. Ambiance réaliste et récit mélodramatique.
Sur une colline surplombant le port de Yokohama, Umi, jeune lycéenne dévouée qui vit chez sa grand-mère dans l'attente du retour de sa mère partie étudier aux États-Unis s'astreint à hisser le pavillon chaque matin, en souvenir de son père, mort sur un destroyer durant la guerre de Corée. Un geste qui n'a pas échappé à Shun, rédacteur du journal du lycée, qui lui consacre un poème anonyme. Les deux lycéens, attirés l'un par l'autre, vont partager de plus en plus d'activités : de la rédaction de polycopiés à la bataille pour sauver le vieux foyer du lycée - le Quartier latin - promis à la démolition. Une relation qui tourne court, lorsque Shun croit comprendre qu'Imu n'est autre que sa propre demi-soeur. Mais finalement, le quiproquo sera levé : il est en fait le fils d'un des meilleurs amis du père disparu d'Imu. Tout est bien qui finit bien... L'intrigue est charmante et délicate, et évoque avec sincérité un Japon adolescent et rétro. Une histoire nostalgique qui, dans l'Histoire des studios Ghibli pencherait plus du côté des Tombeaux des lucioles, mais bien loin de la force du drame de guerre de Isao Takahata. Cette colline des coquelicots manque de souffle et n'emballe cependant pas totalement, faute de réels enjeux et d'une trame sentimentale un brin trop mélodramatique.
Quant à l'animation, elle s'avère un peu paresseuse et verse même parfois les mauvais travers du style japonais. On retrouve dans ses arrière-plans cependant la magnificence propre aux studios Ghibli, mais l'ensemble reste néanmoins assez largement anodin. Un petit film, pas désagréable, mais loin du merveilleux charme auquel nous avaient habitué les studios Ghibli.