Sinister fait peur. Par la vacuité de son scénario et la platitude de sa mise en scène. Pourtant la première séquence - avec cette pendaison filmée en super 8 granuleux et son air de snuf movies malsain - était alléchante. Mais une fois le générique passé, le récit rentre très vite dans le registre du fantastique le plus conventionnel (dans les meilleurs passages...).
Un écrivain investigateur tente donc de recouvrer sa célébrité en allant s'installer, pour mieux enquêter, dans la maison même où le crime évoqué en ouverture a eu lieu. Et ce à l'insu de sa femme (mère courage) et de ses deux enfants - un fils pré-ado sujet à des crises violentes et une petite fille ayant la passion de dessiner sur les murs (et dont le plus perturbé n'est peut-être pas celui qu'on croit).
L'histoire prend un tour nouveau quand un mystérieux projecteur et quelques films apparaissent dans le grenier ; les films ayant capté, justement, des scènes de meurtres collectifs assez gratinés - et pas seulement celui de la famille brûlée dans sa voiture). Bientôt, notre auteur, lui même craindra de sombrer dans la folie, apercevant un démon dans les films, puis rôdant autour de chez lui. Une menace suffisante pour le faire s'enfuir, mais pas assez pour empêcher le sinistre et macabre processus enclenché par le démon Bagul de se réaliser : celui qui a vu le démon verra sa famille périr violemment. Ce refus du happy end improbable est d'ailleurs le principal point positif à mettre au crédit du film.
Pour le reste, "Sinister" fait partie de ces films dont on peut sans risques "spoiler" la fin, vu que la dynamique du récit ne repose que sur des procédés dignes du train fantôme : pénombre supposée angoissante, déluge de sons stridents, images choc surprise, etc. Sans compter les clichés du ciné Z fantastique, tous enfilés avec un sérieux confondant : le sheriff anthipathique dont on ne tiendra pas compte de l'avertissement, l'adjoint du sheriff un peu bêta devenu auxillaire du héros (sans même le recul qui faisait le charme du même personnage dans "Scream"), jusqu'au tunnel de 15 minutes "d'explication scientifique" du phénomène paranormal par un professeur d'université (seule innovation, c'est désormais via webcam que cela se passe). La version française n'arrangeant sans doute pas les choses (ah, le démon mésopotamien "Bagoule" !). Quand à ce pauvre Ethan Hawke - l'un des jeunes du "Cercle des poètes disparus" et le magnifique interprète de "Bienvenue à Gattaca" - il erre, lui aussi, comme une âme en peine.
Le fait que "Sinister" soit l'oeuvre du producteur de "Paranormal Activity" et du réalisateur de "L'Exorcisme d'Emily Rose" ou du soporifique remake du "jour où la Terre s'arrêta", pouvait, certes, donner quelques indications. Mais la réalité du film, qui lorgne du côté des films de fantômes japonais - on songe à "Ring" - dépasse l'affliction. Quand au buzz provoqué, au moment d'Halloween, par la déprogrammation du film pour cause "d'invicivilités" de certains spectacteurs, il est à se demander s'ils ne se pissaient pas dessus de rire, tout simplement...
Reconnaissons quand même une vraie objectivité à la baseline de l'affiche : Once you see him, nothing can save you...