Scott Derrickson ne m'avait pas franchement convaincu avec ses précédents long-métrages que j'ai pu voir, à savoir le soporifique "Exorcisme d'Emily Rose" et son piètre remake du "Jour où la terre s'arrêta". Et voilà-t-y pas que le bonhomme se met à l'épouvante style "Insidious" ou "Paranormal activity". Rien de rassurant mais un visionnage s'impose, rendu possible par Rawi que je salue bien bas.
S'ouvrant sur un home movie délicieusement malsain, du genre à vous pelotonner dans votre fauteuil en regardant derrière vous (juste pour être sûr, parce que bon, j'ai cru entendre un truc, ah mais non c'est le chat), "Sinister" a la bonne idée de prendre son temps pour bien installer son récit, le personnage central, impeccablement interprété par Ethan Hawke, parvenant à nous être immédiatement sympathique malgré ses énormes défauts. C'est justement là que le film de Derrickson fonctionne le mieux, dans son portrait d'un écrivain has been courant après une ancienne gloire chimérique, et plongeant petit à petit dans une obsession malsaine, au point de reléguer sa famille au second plan. Le Stephen King des grands jours n'est pas loin.
Parfaitement amenée, l'investigation qui va suivre la découverte de petits films amateurs est passionnante, le cinéaste compensant son manque d'originalité par une atmosphère lourde et pesante, dévoilant le visage terrifiant d'une Amérique dégénérée, mais surtout voyeuse et avide de sensationnalisme.
Dommage alors que le film de Derrickson perde petit à petit de son intérêt dès l'instant où le fantastique se fait plus présent, le récit tombant dans une certaine banalité à base de jump scares et de musique plus assourdissante que réellement flippante, avant de se rattraper dans un final jusqu'au-boutiste que l'on espérait plus.