C'est beau ! Mais qu'est ce que c'est beau !
La Colline aux coquelicots est d'ores et déjà à ranger parmi les films d'animation les plus beaux.
L'esthétique est absolument grandiose et de ce côté là Goro Miyazaki n'a rien à envier à son père. Le film est sublime, on semble assister à l'animation d'une peinture ; couleurs exaltantes, paysages grandioses, jeux de lumières éblouissants... tout est léché pour le plus grand plaisir de nos yeux.
Là où Goro innove par rapport à son père, c'est en occultant totalement l'ambiance fantastique et monstrueuse qui transcendait chaque film de ce dernier. Car Hayao Miyasaki avait parfois tendance à perdre son spectateur avec des histoires alambiquées pleines de symboliques difficilement compréhensibles et parfois trop personnelle. Ici, tout est contextualisé et réalisable.
C'est en effet l'histoire de deux adolescents dans le Japon dés années 60. Rien de très farfelu. En tout cas aux premier abord. Car le scénario qui, à la lecture du résumé, semble d'une simplicité et d'une niaiserie bon enfant s'avère bien plus riche qu'il n'y parait. Et c'est en cela que l'animation des Studios Ghibli n'est pas destinée aux enfants, qu'on se le dise une bonne fois pour toutes !
En effet l'histoire principale cache une analyse sociétale d'un Japon post - 2nde guerre mondiale, qui subit encore les séquelles de l'industrialisation, de la guerre de Corée et qui laisse (mouvement typique des années 60) une place lus importantes aux étudiants dont les revendications s'avèrent de plus en plus virulentes.
De plus une vague impression d'inceste nous parcourt l'esprit quant à l'histoire d'amour entre ces deux personnages. Impression vite démentie par une fin touchante et réussie (le réalisateur nous épargne un baiser quasi systématique dans les films d'amour).
Le film est de plus teinté d'une ambiance mystérieuse qui n'est pas sans déplaire. Rien que par son titre. Dans le film il n'est aucunement question d'une quelconque colline aux coquelicots. Tout est dans le symbole (les coquelicots sont les fleurs que l'héroïne place tous les matins près de la photo de son père décédé.).
Qui sont ces gens avec qui vit l'héroïne ? Pourquoi sa mère est-elle si peu présente ?
Le film laisse plein de questions. Mais les larmes de couler néanmoins sur nos joues.
Aussi beau esthétiquement que dans son propos, La colline aux coquelicots donne toute sa place à un scénario plus accessible mais néanmoins riche en symbole. Une vraie réussite.