Ce film est généralement diffusé sous le titre "Trinita va tout casser",dans le but de l'apparenter à la célèbre série des "Trinita" dont il ne fait pas partie,et pour cause puisque celle-ci ne commencera que l'année suivante avec "On l'appelle Trinita".En réalité,il s'agit du troisième volet de la trilogie des "Cat Stevens",après "Dieu pardonne...moi pas!" et "Les quatre de l'Ave Maria",les trois films étant réalisés par Giuseppe Colizzi et joués par Terence Hill,qui est Cat Stevens,comme le chanteur,et Bud Spencer dans le rôle de Hutch Bessy.Hill et Spencer ont formé dans les années 60-70 le duo de choc de la série B parodique italienne,à travers nombre de westerns,dont les "Trinita",et de polars.Ces oeuvres étaient dans l'ensemble affligeantes,mais "La colline des bottes" se situe plutôt au-dessus du lot.Le travail de Colizzi,ici réalisateur et scénariste,n'y est pas étranger car il se montre supérieur à ses collègues du bis transalpin,notamment le pignouf Enzo Barboni,alias E.B. Clucher,qui fut le principal fournisseur en Hill-Spencer.Le père Giuseppe a bien retenu les leçons de Sergio Leone et livre une mise en scène très léchée,dans la grande tradition du western spaghetti.Des gros plans sur des visages en sueur,le bruit du vent omniprésent,les mines patibulaires,les cache-poussière,l'action lente,tout y est.De plus,le cinéaste,s'appuyant sur une belle image en Technicolor et de magnifiques décors de déserts sauvages,trouvés probablement en Espagne,du côté d'Almeria,s'ingénie à aligner des cadrages tout-à-fait originaux qui donnent du style à son film,ce qui est conforté par l'excellente musique de Carlo Rustichelli,qui s'adapte à toutes les situations rencontrées.Le fait qu'une bonne partie de l'histoire se déroule dans le milieu du cirque ajoute en outre une certaine étrangeté inhabituelle dans ce type d'oeuvres,avec ce directeur bonimenteur,ces danseuses de french-cancan,ces nains musiciens ou ces trapézistes intrépides,tandis que la critique du capitalisme prédateur à base de trusts centrifugeurs est assez visionnaire en ces sixties finissantes.Le film bénéficie en outre de la présence de plusieurs très bons acteurs américains comme Lionel Stander,le gangster du "Cul-de-sac" de Polanski,Woody Strode,qui fut "Le sergent noir" de John Ford,ou l'obèse Victor Buono,le pianiste de "Qu'est-il arrivé à Baby Jane?" d'Aldrich.Tous ces éléments parviennent à faire illusion lors de la première moitié du film,avant que l'échafaudage ne s'effondre dans la seconde.Les mystères s'évaporent,le rythme passe de la lenteur au surplace,et le ton change drastiquement pour laisser libre cours à la grosse farce espérée par les fans des clowneries des Laurel et Hardy ritals.Les gentils se regroupent sous la bannière de Terence et Bud,et c'est parti pour une overdose de bagarres ridicules et de gunfights miteux,face à des méchants gravement inefficaces,voire paralysés,avec au passage des ellipses ressemblant à des accidents de montage,ce qui fait ressortir la faiblesse du scénario et la nullité des dialogues.D'autre part,le film est dépourvu d'érotisme machiste et de violence sadique,des ingrédients qui de coutume participent de la qualité du western italien,et du bis transalpin en général.Dommage,ça avait si bien commencé.