Sorti en 1968 (c’est-à-dire la même année qu’Il était une fois dans l’Ouest et Le Grand Silence, et un an après Le Bon, La Brute et le Truand), La Colline a des bottes profite du boom des westerns spaghetti de ces années-là.
Il s’agit du troisième volet d’un triptyque signé Guiseppe Colizzi, après Dieu pardonne… moi pas ! en 67 et Les Quatre de l’Ave Maria en 68 : les troisièmes et dernières aventures du duo de cowboys Cat Stevens et Hutch Bessy, criminels de leur état, interprétés par les inimitables Terence Hill et Bud Spencer. Bien sûr, leur duo est un peu une répétition de leurs personnages iconiques de Trinita et Bambino, qui verra le jour 3 ans plus tard dans On l’appelle Trinita. Pour des raisons marketing évidentes, et bien que les personnages de Trinita et Bambino ne soient pas dans le film, La Colline a des bottes (le titre du western n’est pas très heureux, mais fait référence à une habitude du Far West, celle de déposer les bottes d’un pistolero refroidi sur sa tombe) sera rapidement rebaptisé Trinita va tout casser.
Le premier volet surfait sur un côté fantastique ; Les Quatre de l’Ave Maria plongeait le spectateur dans la thématique de la course poursuite ; cette Colline des bottes développe des aspects chers au western : l’enjeu concerne la mainmise de riches industriels corrompus sur une petite ville minière de l’Ouest. Fraichement arrivé à Liberty-Ville, Cat Stevens est agressé par le pédant Finch, accompagné de ses sbires. Pour leur échapper, il se réfugie dans une roulotte d’un cirque de passage, et fait la connaissance de deux trapézistes, qui le cachent pour la nuit. Mais lors de la représentation du lendemain, Joe, l’un des deux circassiens qui a aidé Cat Stevens, est descendu par les hommes de Finch. Le film prend alors des airs de revange movie et voit Cat et Thomas – l’autre trapéziste – faire équipe pour retrouver les meurtriers.
Evidemment, qui dit Terence Hill et Bud Spencer dit bonne dose d’humour. Le film n’en manque pas, que ce soit du comique de situation, notamment dans les séquences de cirque particulièrement réussies, ou des dialogues plutôt savoureux. Mais qui dit Terence Hill et Bud Spencer dit aussi festival des claques ! Des bastons bien orchestrées et toujours accompagnées de bruitages outranciers. Hutch Bessy donne un tarte, et l’on a l’impression qu’une porte vient de claquer ! Les bagarres générales, loin des gunfights classiques, apporte une touche burlesque particulièrement bienvenue !
Dans sa deuxième moitié, le scénario de Guiseppe Colizzi retourne adroitement les codes du western. Ici, ce n’est pas les deux héros qui défendent une ville attaquée par une bande de bandits sans foi ni loi, mais la bande de pourris qui tente de défendre ses positions face à une petite armée constituée de villageois et de gentils libérateurs.
On est ici assez loin des westerns de séries B qui étaient produits à la pelle à cette époque. Trinita va tout casser sort incontestablement du lot, par ses touches d’humour et ses moments de baston dantesques, mais aussi par son duo Hill/Spencer. C’est d’ailleurs, pour l’anecdote, le premier film où Terence Hill, de son vrai nom Mario Girotti, est crédité au générique sous son pseudonyme. Quelques années avant Trinita, le film montre à quel point les bases du mythique duo sont déjà présentes dans la comédie western spaghetti.