Un western atypique dominé par la stature de Gary Cooper qui fait là une prestation exceptionnelle. Décors fabuleux, mouvements de caméra splendides, mise en scène impeccable et inventive, bonne musique de Max Steiner. Les personnages sont tous complexes, à l'instar de Cooper qui cache un lourd secret (dont on ne saura rien) et passe de moments de grande générosité à d'autres où il se révèle un dominateur excessif. L'autre personnage principal de ce film c'est la foule, une foule souvent vue de loin qui se déplace comme une colonie de cloportes, une foule qui se fait meute, propre à s'enfiévrer pour une femme, pour de l'or, de l'alcool… ou pour lyncher. (La foule a beaucoup de têtes mais pas de cervelle disait quelqu'un). Delmer Daves n'aime pas la foule mais il n'aime pas non plus les prédicateurs bibliques ni les ligues de vertus (on se demande d'ailleurs ce que ces dames viennent faire ici ?) et leur régle leur compte en deux scènes. La progression des rapports entre les quatre protagonistes du carré amoureux (eh, oui, ils sont quatre) est magistrale (tromperie, manipulation, conflits…) jusqu'au déchaînement de violence final, à l'attitude suicidaire de Cooper et au sacrifice de Maria Schell. Curieuse fin à demi ouverte, du carré il ne reste qu'un triangle, ils vont partir ensemble, séparément ? Parler de ménage à trois dans un western de 1959 serait osé. Osons !