Cinq ans après avoir produit Destination... Lune !, George Pal retourne se perdre entre les étoiles, toujours avec une volonté de réalisme scientifique. On est en 1955, la vraie conquête de l'espace n'avait même pas encore commencé ; on s'amusera donc de la façon dont les protocoles scientifiques sont bafoués, tout comme les aberrations sur la planète Mars (dont l'exploration dans Rocketship X-M était plus réussie). Ces détails mis à part, on ne peut que profiter de l'excellente restauration du film pour apprécier la qualité des effets spéciaux et des décors convaincants, avec une photographie qui garde ses jolies couleurs désuètes, et des plans au piqué bluffant. Les maquettes spatiales sont également époustouflantes (l'astéroïde !) ; certaines font désormais partie de l'histoire de la SF. La première moitié du film se focalise sur la préparation des astronautes (tous bien sympathiques) en vue de leur mission, tandis que la seconde fascine dans la portée métaphysique de son voyage, dont certains accrocs avec le capitaine ont assurément inspiré des Event Horizon, Sunshine ou encore Pandorum. Les matte paintings de Chesley Bonestell sont fabuleux, quand bien même le détourage se remarque sur certains - c'est le charme d'une autre ère cinématographique, et ça n'a clairement pas empêché le réalisateur de concrétiser toutes ses folles idées sur la pellicule, en signant une des œuvres les plus abouties de son temps, et précurseure de toute une imagerie stellaire.