Le Caire nid d'espions
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Un jeune homme voulant devenir imam entre dans une école religieuse, mais dès son arrivée le Grand Imam meurt subitement et un élève est assassiné. Il va mener l'enquête avec un vieil inspecteur ronchon, et les révélations vont surprendre ces deux compères... Il y a définitivement dans ce Boy from Heaven un air du Nom de la Rose, ce qui n'est pas pour nous déplaire : l'ambiance suspicieuse est bien rendue, on veut savoir le fin mot de l'intrigue, et l'on n'est pas déçus par les coups de théâtre surprenants (on n'aurait jamais deviné qui avait fait le coup). Avec une pointe de critique envers le gouvernement égyptien (et ses manigances de l'ombre pour faire disparaître les gens qui l'embêtent...), envers l'intégrisme à deux doigts du terrorisme et avec une belle préférence pour la religion tolérante, Boy from Heaven nous a mis dans sa poche, alors qu'on n'aurait jamais parié sur lui dans cette compétition du Festival de Cannes 2022. Autant dire qu'on s'est levé à l'annonce de son Prix du Meilleur Scénario, amplement mérité. On a également adoré la mise en images très inspirée, retenant quelques plans magnifiques : voyez ces chapeaux vus du dessus qui forment une marée de points qui s'écartent, voyez ces processions d'imams répartis sur deux étages qui avancent en parfaite symbiose... L’œil du réalisateur Tarik Saleh est expert pour dénicher les bonnes idées, et on s'est souvent surpris (en plus du scénario) à aimer les belles images qu'il crée. Évidemment, vous ne verrez quasiment pas une femme pendant deux heures, dans ce casting qui suit intrinsèquement une triste réalité, mais encore une fois : on s'est pris à repenser au Nom de la Rose (à part la sauvage, il n'y a pas de femmes non plus). Boy from Heaven en est le digne héritier égyptien.
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Créée
le 30 mai 2022
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