Quand la rhétorique ne protège pas de l'ignorance
Véritable pièce de théâtre filmée, La Controverse de Valladolid, si elle s'éloigne de la réalité historique pour mieux servir l'enjeu dramatique, prend pour cadre la question de savoir si les Amérindiens ont, oui ou non, une âme, avec tout ce que cela peut autoriser comme traitement.
Il est une preuve formidable que le raisonnement ne protège pas de l'ignorance, de l'aversion, et que les plus fines rhétoriques peuvent servir des causes abominables et mener à des crimes. Ce film démontre - et je me permets de le faire résonner avec ce qui se passe actuellement dans nos sociétés confrontées plus que jamais aux religions - comment peut naître le fanatisme, et à quel point les religions incarnées par Dieu, Allah ou Jéhovah sont de parfaits masques pour donner une légitimité et une autorité à l'orgueil, à l'obscurantisme, à la vanité, à la barbarie. Tout cela, avec la plus grande des sincérités.
On peut rire du côté ubuesque du film, des situations cocasses qui viennent ridiculiser les personnages. Mais on rit jaune quand un peu d'imagination suffit à percevoir que nous n'en sommes pas si loin.
Un procès sous forme de mascarade donc, où de la question initiale "Les Amérindiens ont-ils une âme ?", la discussion répond à celle-ci : "Qui peut-on donc légitimement réduire en esclavage pour coloniser le Nouveau monde ?".
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