Double exercice de style pour Hitchcock: un huis-clos inspiré d'une pièce de théâtre d'une part ( un appartement new-yorkais) et un film tourné comme un unique plan-séquence dont l'action se passe en temps réel (1h20). Le réalisateur se sort de ces contraintes sans éviter l'écueil du théâtre filmé mais prouve une nouvelle fois toute sa virtuosité dans quelques scènes mémorables, comme celle où dans un plan fixe on suit les allers et retours de la gouvernante entre le salon et la salle à manger, débarrassant petit à petit le coffre faisant office de table et contenant le cadavre fraichement déposé.
Le film datant de 1948 surprend par le mobile du crime, inexistant ( un meurtre par plaisir, une sorte de jeu), par ses protagonistes ( un couple homosexuel) par certains dialogues subversifs ( le génocide nazi évoqué comme "modèle" par ces étudiants, ...)
James Stewart y apparaît tardivement mais y est comme à son habitude brillant, en professeur de philosophie aux propos cyniques et provocants ( que ses élèves auront pour le moins"mal" interprété) , vite suspicieux lorsqu'il découvre le drame qui se joue.
Hitch n'oublie pas non plus d'être drôle notamment lors d'un dialogue savoureux entre James Stewart et une vieille dame qui perd la mémoire, évoquant Cary Grant et Ingrid Bergman dans un bon film intitulé "something" ou "something like that"...
Un exercice de style...oui mais signé Hitchcock et cela change définitivement tout!