6 ans avant Le crime était presque parfait, autre film traitant de la thématique de la réalisation d'un crime (voir ma critique ici), Hitchcock s'essaie à un long-métrage bien particulier : entièrement tourné en plan-séquence (ou plutôt une illusion de plan-séquence nous laissant parfois admirer les magnifiques dos des acteurs), en huis clos, dans une situation particulièrement singulière : les amis de la victime passent le film complet en compagnie des meurtriers, et à proximité du corps du défunt.
Les deux assassins sont aux antipodes : tandis que Brandon est un fou furieux sûr de lui qui se considère comme supérieur et donc en droit de tuer, son acolyte Philippe vit dans la peur, la crainte de se faire prendre la main dans le sac, et on comprend rapidement que ses angoisses sont susceptibles de faire tomber le plan à l'eau. De plus, les autres personnages apportent tous leur grain de sable dans les rouages, notamment le personnage de James Stuart, particulièrement perspicace.
Le crime aurait pu être réussi : après tout, Brandon a bien réfléchi, il n'avait aucun motif, le rendant insoupçonnable, mais son désir pervers de se valoriser en semant maints indices le conduira à sa perte : inviter les amis du défunt, les faire manger sur le buffet où il se trouve, laisser beaucoup des indices comme l'arme du crime dans la cuisine ou le chapeau dans le placard, parler de crime avec les invités ou encore avoir un coéquipier incapable de canaliser son anxiété, c'était trop, le crime parfait est altéré par péché de gourmandise.
Il s'agit aussi d'une petite prouesse technique, car les plans sont véritablement longs (et se prêtent bien au format de huis clos), et il fallait voir la taille et le poids des caméras de l'époque ! Tout est véritablement bien ficelé (sans mauvais jeu de mots), s'il n'a rien de très surprenant, le film reste très agréable à suivre encore aujourd'hui.
Pour ceux qui aiment cette thématique, je recommanderai la courte nouvelle à chute Fatale Erreur, de Fredric Brown.