Hitchcock a vraiment une prédilection pour les huis clos d'appartements où il peut encore mieux exprimer sa soif de tout contrôler à la quasi perfection. Les longs plans séquences chorégraphiés et millimétrés au cordeau en sont un exemple impressionant, même si aujourd'hui les "raccords vestes" sont trop obvious et ont mal vieilli. Il n'empêche qu'Alfred navigue avec sa caméra comme bon lui semble en suivant ou non l'action ou les éléments importants selon ses objectifs narratifs, bref une scénographie et une réalisation bien huilées.
Cette virtuosité formelle atténue l'effet pièce de théâtre inévitable, ceci dit le verbage soutenu ne laisse aucun temps mort et le casting correspond bien aux rôles. Que ce soit le meneur BCBG dont on ressent le profond sadisme derrière un léger vernis ou son complice qui extériorise malgré lui beaucoup trop ses dilemnes moraux pour être crédible, mais le choix de James Stewart en Colombo raffiné confère dès son entrée inattendue en scène la sensation de déstabilisation et de suspicion nécessaires. Bref un Hitchcock très maîtrisé à l'humour grinçant et volontairement malaisant aussi par son propos politique, la conclusion aurait quand même gagné à un peu plus de panache. Dans l'ensemble on ne ressent guère de tension ou de suspense très haletants, c'est un peu trop balisé et convenu mais ça reste un bon exercice de style.