Je n'ai pas encore lu la nouvelle de Lovecraft. Mais le film capture certainement l'ambiance bizarre, sans concession de son style habituel : on ne comprends pas ce qui se passe, une horreur est là qui se moque des insectes que sont les humains, et s'abat sur eux comme une réalité cosmique impitoyable qui n'a que faire de valeurs morales dans laquelle s'inscrit habituellement la notion de mal, pour consommer et pervertir les êtres vivants.


Le film s'attaque au symbole de la famille, jouant sur les anxiétés parentales typiques, de quoi donner à tout père de famille la possibilité de s'identifier à ses pires craintes de père qui a peur de ne pas être à la hauteur, ou encore la mère qui a peur de vieillir, et de ne pouvoir protéger ses enfants.


On a l'habitude de voir les êtres chers menacés d'être torturés dans de nombreux films. On se pense blasé. Eh bien le film est assez bien mené pour réveiller nos peurs instinctives, sans aucune concession à la sensibilité du spectateur : on explose directement et avec une certaine perversité le symbole sacré de la famille sans pour autant en rajouter dans le sordide ou, il me semble, la facilité - pas de sexe, de scènes gores inutiles, juste l'horreur abjecte pure et simple.
A cela s'ajoute la souffrance, bien rendue je crois, qui renvoie aux traumatismes qui nous attendent tous de la maladie (particulièrement) horrible qui frappe les êtres chers sans qu'on n'y puisse rien, pour celui qui souffre comme ses proches qui le voient souffrir, et même de manière encore plus perverse par le biais de la mère qui indirectement inflige une torture indicible à son fils en bas âge en cherchant à le sauver, le tout dans une ambiance de damnation inéluctable.


En terme d'horreur, je pense que sur ce plan c'est assez réussi. On pourra le cas échéant regretter un Cage qui m'a semblé approximatif, peut etre un peu surjoué, mais qui colle à un personnage médiocre peut etre représentatif du papa moyen qui fait ce qu'il peut, et somme toute bien calé dans l'histoire. Peut être aussi le scénario paraitra-t-il superficiel, puisque sa seule vocation est d'établir et perpétuer l'ambiance profonde d'un cauchemar sans le moindre salut d'être réveillé: mais c'est aussi ce qui rend l'horreur inéluctable.


Bon an mal an le résultat est intéressant dans sa capacité à retranscrire un sentiment d'horreur malsaine, perverse et abjecte, à l'ambiance lourde et désespérée, distillée par quelques scènes éparses mais fortes qui rappellent un Carpenter au mieux de sa forme.


Limite pervers et malsain. Donc bon. Ca m'a fait flipper.

RobinLo
7
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le 24 janv. 2022

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RobinLo

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