Les coups de cœur ne se choisissent pas. De Kim Chapiron, je ne connaissais que le troublant Sheitan et une anecdote sur sa vie privée. Le réalisateur est en effet en couple avec l’actrice Ludivine Sagnier. Passionnant, je sais. Je n’ai pas fait d’école de commerce ou de grande école tout court, n’ai jamais connu l’atmosphère d’un amphithéâtre à l’université. La musique électronique n’est pas ma tasse de thé, tout comme la prostitution (j’imagine que ça, c’est un peu plus courant). Bref, rien ne me préparait à être autant remuée.
Installée à côté de la maman d’un des acteurs principaux, je ne vous explique pas ma gêne quand, lors de la première scène du film, on découvre le personnage joué par son fils en train de se masturber. Le choc passé, sans doute plus intense encore pour elle, je peux enfin me plonger dans cette histoire, plus intelligente que ce qu’on ne croit.
La Crème de la Crème en dit long sur la jeunesse, dorée ou non d’ailleurs. Ses contradictions, ses incertitudes, ses faiblesses mais aussi ses forces. Des jeunes qu’on n’est pas sûr d’aimer mais qu’on est bien incapable de détester malgré leurs agissements à la morale plus que douteuse.
Le film ne serait rien sans sa mise en scène percutante, sa bande originale déroutante de variétés ou son scénario énigmatique. Et surtout, il ne serait pas grand chose sans ses acteurs. Tous quasi inconnus et formidables. Chapiron confirme qu’il a l’œil pour dénicher les talents. Parmi eux, évidemment, le trio principal composé de Thomas Blumenthal, Alice Isaaz et Jean-Baptiste Lafarge. Retenez bien leurs noms, mémorisez bien leurs visages.
Pour être complètement transparente, jusqu’au clap de fin, je ne savais pas bien si j’avais aimé ou non. Après quelques secondes, le « je ne sais pas » s’est transformé en « je crois que oui » pour finir quelques dizaines de minutes plus tard avec un « sans doute le meilleur film de ce début d’année ».
Comme souvent, j’ai plus du mal à expliquer pourquoi j’ai aimé un film que le contraire. Il est toujours plus facile de distinguer des défauts que des qualités. La Crème de la Crème restera le film qui aura réussi à m’émouvoir avec une chanson de Michel Sardou, m’aura rendue nostalgique d’une époque que je n’ai pas connue, m’aura fait tomber amoureuse de tous ses personnages principaux, m’aura fait aimer la musique électro, m’aura électrisée pendant 1h30.
La Crème de la Crème est un petit miracle qui devrait se frayer un chemin jusqu’aux cœurx, aux tripes et aux zygomatiques d’un maximum de spectateurs.