La Crème de la crème par LioDeBerjeucue
Vu la bande annonce, je m'attendais à un film plastique à la Bling Ring. La comparaison au dernier et médiocre Sofia Coppola se retrouve dans la façon de filmer la jeunesse plus ou moins dorée des futurs élites de la finance, mais s'arrête là.
Je m'attendais aussi à des scènes putassières, mais malgré le propos (3 étudiants en école de commerce décident de monter un business de prostitution via le BDE) elles sont assez rares, ce qui n'est pas pour me déplaire, parce que la gratuité des scènes de cul est de plus en plus pregnante dans le cinéma français. Celles qu'on voit sont plutôt justifiées, et jamais vulgaires, même plutôt mignonnes, dans le sens initiation sentimentale des garçons timides.
Il reste le fonds. Certaines scènes sont puissantes : la reprise des lacs du Connemara par les étudiants bourrés, visible dans la bande annonce, c'est ce qui m'a amené à aller voir le film, pas parce que je suis fan de Sardou, mais à cause de l'engouement des jeunes pop pour Michel, très amusante et très inquiétante aussi, leurs figures déformées et leur fascination lyrique pas vraiment second degré sont très bien rendues.
Certaines sont très pop culture, justement, Kim Chapiron s'adresse au public avec les codes des réseaux sociaux, il y a beaucoup de Social Network dans sa façon de filmer les geeks du commerce, le clin d'oeil à Houellebecq est évident et apprécié dans son contexte (le livre sur l'étagère de Dan, l'économie de marché appliquée au sexe).
Certaines enfin m'ont semblé pesantes, kitch ou inutiles : la fin du conseil de discipline, la cueillette de fraises, au final tout ce qui se rapporte à la romance "inter sociale" entre Kelly et Louis, leur relation m'a laissée froide, je trouve que la ligne du cynisme glacial et amoral aurait du être respectée, pour renforcer le propos du film, et basculer un peu plus dans les lois de l'attraction de Bret Easton Ellis (le livre, pas le film), parce que c'est quelque chose que j'ai vraiment trouvé interessant à regarder, parce qu'ils facsinent et inquiètent, encore, ces putains de sales gosses capitalistes en puissance, bande de petits requins doués, sans illusions sur leur avenir, " se faire du réseau, faire des power point, devenir trader ou faire du conseil, se marier, divorcer, se remettre avec une plus jeune et une plus belle et crouler sous les prestations compensatoires avant de faire un infractus à 40 ans".
Ils ne seront pas punis. Ils le sont déjà.