Voici donc un film détestable, méprisable et méprisant. Je ne connais pas Chapiron, son caractère ni ses opinions, donc je ne juge pas la personne mais son film m'a donné l'impression d'être réalisé par un bobo tirant à boulets rouges sur les méchants capitalistes alors que sa propre assise financière est plus que confortable (et on se demande par quel tour de magie elle s'est créée). Il dénonce chez ces vilains capitalistes un système où l'image et la réputation font tout, alors même qu'il s'agit de son gagne-pain puisqu'il doit les cultiver pour obtenir des financements nécessaires à la réalisation de ses films, financements provenant de ces mêmes capitalistes lucifériens (n'ayons pas peur des mots).
Pour se rendre détestable, Chapiron s'en prend dans un premier temps à la gente féminine qu'il insulte de façon abjecte, sans détour et gratuitement. Oui, ces demoiselles sont foncièrement vénales à ses yeux et ne sont ici que pour se trouver un futur mari qui saura les entretenir. Oui, même celles qui sont élèves dans cette fameuse première Business School d'Europe ne sont là que pour 'investir' dans un mari/portefeuille, pas pour leur propre carrière. Kim Chapiron nous démontre avec brio que lorsqu'une fille est vendeuse dans un magasin, elle ne rêve que des fêtes étudiantes dans les Grandes Écoles et n'hésitera pas à se prostituer pour y accéder. Les négociations sont le comble de l'insulte:
"- T'es bonne mais t'es conne, t'arriveras à rien dans la vie si tu baises pas un riche, tu veux faire pute pour des étudiants qui gagneront peut-être bien leur vie plus tard ?
- C'est vrai t'as raison, pas de soucis, rdv où et quand ?"
Un modèle de négociations, à montrer dans tous les cours sur le sujet.
En procédant ainsi, le réalisateur valide la théorie des aigris qui accusent les filles de ne s'intéresser qu'à l'argent et au pouvoir. Pourtant ils sont riches, seront puissants et sont toujours seuls. Ne voient-ils pas la faille dans leur démonstration ?
Ils s'étonnent de ne pas voir les filles leur tomber dans les bras alors qu'ils sont moches, restent dans leur chambre à se masturber et sont incapables de leur parler sans dire quelque chose d'embarrassant.
Par ailleurs, Chapiron choisit la facilité. En tapant sur les Écoles de Commerce, il tire sur l'ambulance. Alors que les élèves de ces écoles sont copieusement haïs par leurs congénères - à ce titre, je vous invite à vous rendre à des matches universitaires, haut lieu de rencontres estudiantines où vous constaterez avec une joie immense la magnifique Union Sacrée des universités et écoles en tout genre lorsqu'il s'agit d'insulter grassement les commerciaux coupables, rendez-vous compte de la provocation, d'avoir enfilé short et chaussettes pour venir s'amuser sur un terrain. Le tout dans l'esprit Coubertin bien sûr -, Chapiron trouve donc comment rendre plus méprisables des gens déjà méprisés: la prostitution !!
Mais oui, c'était évident !! De toute façon, ce n'était qu'une question de temps avant que ces fils de riches ne le fassent d'eux-mêmes, eux qui n'ont pour valeur que celle de l'argent ! Regardez-les, ces Versaillais, traiter des gens comme vous et moi comme du bétail, de simples sources de revenus ! Ah les salauds ! De futurs patrons sans aucun doute, vue leur morale douteuse...
Enfin, cerise sur le gâteau, alors qu'il vient d'insulter pendant plus d'une heure la condition féminine et de nous faire croire qu'il n'avait pas peur de se mouiller alors qu'il descend une catégorie sociale qui pâtit déjà d'une réputation sulfureuse, Chapiron perd toute estime (de ma part en tout cas). Rétro-pédalage dans les dernières minutes: en fait non les filles ne sont pas toutes des putes, et certains commerciaux ne sont pas des connards, la preuve le mec du BDE est amoureux de la boursière.
Je digresse d'ailleurs sur le fameuse Kelly, présentée comme prolo mais pas crédible une seconde et détestable avec son air de "je vais t'expliquer parce que t'es con(ne) et moi je comprends tout étant donné que j'ai franchi les barrières sociales". Ironie du sort, l'actrice a d'ailleurs été repérée alors qu'elle était en vacances à Biarritz, pas mal ça.
Alors même qu'il aurait pu poser les c******s sur la table et assumer ses propos. Kim Chapiron prend clairement la sortie de secours et cherche à se réconcilier avec tout le monde grâce à une scène finale d'un ridicule consommé.
Pitoyable. Pathétique. Injurieux. Ordurier. Les mots me manquent.