Le film commence sur le discours du principal de ce qui semble être HEC ou une autre école prestigieuse du genre. Il annonce aux étudiants qu'ils sont "la crème de la crème", l'élite absolue. Cette scène est immédiatement suivie par le spectacle de la masturbation d'un nouvel étudiant. Un dialogue avec son camarade de chambrée pose le décor : d'un côté, on a l'obsédé looser qui veut tout faire pour choper une meuf, et de l'autre la grosse tête, looser aussi, mais plus réaliste sur sa situation. Le duo est intéressant, et correspond tout à fait aux teen movies américains qui se déroulent dans les universités, avec les fêtes et excès, que vont essayer d'atteindre les héros au fil du film (cf. Superbad, par exemple). Le réalisateur casse assez vite ces codes, en introduisant une sorte de marché de la prostitution au sein de l'école, organisé par l'un des héros et deux autres protagonistes, basé sur leurs connaissances des lois du marché. Le ton change et devient à partir de là cynique.
Un film sur ce genre de sujet (un milieu méconnu de la plupart) suppose deux axes contradictoires : montrer ou dénoncer. Le problème de "La crème de la crème" est qu'il ne fait aucun des deux. D'une part, il n'y a pas vraiment de morale dans le sens où les personnages ne sont jamais réellement punis pour leurs actes et que le réalisateur ne montre jamais que c'est mal, et d'autre part, on ne voit jamais réellement ce milieu de la jeunesse dorée parisienne, excepté quelques figures caricaturales et des images de soirées. Du coup, on se demande bien quel est le but du film. Les femmes sont montrées comme vénales, les hommes comme complètement obsédés par le cul, et les humains de manière générale complètement obsédés par l'argent. Et jamais le film ne vient contredire ces trois affirmations.
Cela transforme le film en moment finalement assez gênant. Les trois personnages, excepté peut-être Dan, ne suscitent pas vraiment d'empathie car ils sont trop calculateurs. Cela fait que les apparitions de Jaffar, masturbateur du début du film, sont de véritables bouffées d'air frais, où on a l'impression qu'il reste quelques personnages intéressants dans le film. C'est en fait le seul personnage dont on comprend les intentions. Les autres sont ratés, car ils font ce qu'ils font sans que l'on sache pourquoi. Jamais le film ne nous montre pourquoi ils ont besoin d'argent ou ce qu'ils font de cet argent. Ils gagnent de l'argent, point. Kelly se révèle être une "prolo", mais cet écart entre son milieu à elle et celui de l'école n'est jamais exploité réellement. Peut-être que cette absence d'explications et de développement des personnages est volontaire, mais en tout cas l'effet est assez particulier. Ne ressentir ni empathie ni rejet pour des personnages est tout de même assez handicapant lorsque l'on regarde un film.
Il y a cependant, avouons-le, quelques bons points. L'image est impeccable, avec des plans très travaillés et parfois de bons choix de couleur (on est presque dans la photographie par moment), pensons par exemple à la scène où Dan est dans un café avec sa conquête, dont la beauté s'accorde parfaitement avec le décor. Les acteurs de manière générale sont d'ailleurs plutôt bons, et c'est d'autant plus regrettable car les personnages auraient pu avoir beaucoup plus d'épaisseur. En fait c'est ça qui est caractéristique du film : du potentiel dans tous les différents aspects, mais rien n'est développé suffisamment pour accrocher le spectateur. Enfin en tout cas, pour moi.
Pdom
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le 18 mars 2015

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Pdom

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