Je me suis fait berner par la critique élogieuse de Télérama sur MyCanal qui a attribué trois étoiles à La Croisade en jugeant ce film "savoureux". Je dis bien berner car ce film n'a absolument rien de "savoureux" si ce n'est son côté complètement bobo ridicule (intentionnel et assumé ? je ne pense pas).
C'est un film beaucoup trop politique qui n’est pas subtil dans sa démarche, à l’instar de la scène sur les violences policières (« eh mais pourquoi ce flic blanc là il nous regarde ? Parce que c’est un raciste comme tous les flics non ? Tu sais qu’il y a plein de noirs qui se font violenter par les méchants policiers hein?! »). Qu’on soit d’accord ou non avec les idées politiques (pas très poussées) du film, le rabâchage de ces dernières est énervant au possible. Ajoutez à ça un gosse de riches (âgé d’une douzaine d’années je dirais … qui se tape une adulte?) qui vous fait la morale pendant une heure (et en plus ils sont plusieurs à le faire ces p’tits cons!), qui vend les affaires de ses parents (qui ne s’en aperçoivent pas et qui laissent finalement passer ça), qui « danse » sur du rap américain de merde (comment croire à ces scènes? Pourtant j’aime beaucoup les scènes de danse mais alors là...) et vous avez un cocktail qui fait fausse route. Asphyxie, retour à la case départ. Dommage.
Et dans tout ça la trame écologique n’est même pas respectée : alors oui un vélo est utilisé une fois durant le film mais pourquoi ne pas prendre, par exemple, le beau métro parisien pour se rendre au bois de Boulogne en pleine nuit avec votre gosse hein, on doit pourtant s’y sentir en sécurité non ? Pourquoi continuer d’utiliser la grosse allemande bien polluante du papa alors qu’on nous ordonne d’éteindre nos lumières ? On pourrait personnifier ce film en un bobo parisien, un film qui se termine en apothéose avec Lætitia Casta - la mère qui change d’avis du jour au lendemain sur l’écologie et qui regarde désormais des vidéos de Greta Thurnberg (passe-temps favori de n’importe quel adulte censé il est vrai) - qui part à la découverte du peuple africain. C’est magnifique, j’en avais les larmes aux yeux.
Pour autant, de par sa durée (1h), le film passe rapidement. Et c’est peut-être son seul point positif avec également l’idée que je trouve intéressante de quelque peu inverser les rôles avec des gamins qui paraissent parfois plus adultes que ces derniers. Il était sûrement possible de faire un film sur l’écologie beaucoup plus subtil et sincère (je n’arrive définitivement pas à croire au discours de ce gamin qu’on croirait recraché mot pour mot d’un passage à la télé d’un militant écologiste) qui pourrait réellement sensibiliser à l’écologie des adultes (car là je ne vois pas qui peut être sensibilisé par un tel film si ce n’est des enfants) au lieu de moraliser la génération précédente. En définitive c’est un film principalement analysable au travers de sa portée politique et non au travers de sa proposition cinématographique tant la première prend largement le pas sur la seconde, qui est proche du néant.