Sympathique ce film ! Bon c'est pas de bol pour Louis Garrel, le film de McKay est sorti en même temps que cette "Croisade", j'imagine que ça a dû bien éclipser sa sortie...
Il faut accepter deux choses dans ce film : tout se passe un peu trop bien. D'ailleurs les gosses nous parlent d'adultes qui n'écoutent plus qui ne servent plus à rien, qui n'ont plus la rage de vivre, pourtant ce sont des adultes qui ont délivré tous les papiers et qui ont permis aux gosses de monter ce projet un peu fou, et ce dans l'anonymat le plus strict jusqu'à ce que Louis Garrel et Laeticia Casta ne découvrent que leur fils a vendu leurs objets. C'est assez délirant comme idée. Mais soit. Autre idée, il faut accepter que même si les enfants sont censés être des modèles de vertu, on ne peut que constater que même à leur âge, ils reproduisent déjà les gestes de leurs parents : ce gosse qui sert de héros, il manipule et trompe sa copine, la traite comme de la merde, revient vers elle avec beaucoup d'hypocrisie ; il déclare dans une scène que les parents peuvent déjà faire une chose simple, éteindre les lampes inutilement allumées dans la maison... plus tard par contre il n'hésitera pas à danser sur de la musique ; ce n'est pas grand chose mais clairement si le gosse estime qu'il faut faire attention à sa consommation, danser sur la musique mise à fond n'est sans doute pas une priorité non plus... ni d'ailleurs utiliser les portables pour autre chose que leur plan. Je ne sais pas si c'était volontaire de la part de l'auteur d'écrire des personnages enfants si ambigus, qui prônent la perfection quand eux-mêmes sont déjà 'contaminés'. Parce que les parents eux n'ont pas l'air de s'en rendre compte.
Mais bon à part ça, j'ai trouvé le film assez chouette. L'idée est délirante mais elle est exploitée de façon assumée comme telle. Ce qui surprend c'est la façon d'insérer des thèmes secondaires, comme cette remise en question du couple, ou encore ce dialogue incroyubale sans doute la meilleure réplqiue de l'année pour ma part, quand le gosse répond tout naturellement à ses parents que ce qu'il a vendu ne sert à rien puisqu'ils sont là à prendre la poussière depuis longtemps. Cela manque certainement de nuance pour être un véritable questionnement philophique, mais on a là le début d'une réflexion riche, qui vise le capitalisme, le mode de vie matérialiste, l'innocence de l'enfant, l'incompréhension, les problèmes de communication, le souvenir d'un mort au travers de ses objets, ... Le récit se déroule bien, avec des personnages bien écrits, des conflits parfois trop facilement résolus mais qui restent intéressants. Le final est un peu facile mais cet élan optimiste fait tout de même plaisir.
Et puis en plus c'est bien filmé ; Garrel installe tout naturellement sa caméra là où il faut pour suivre l'action, les perosnnages, les répliques. Lorsqu'on voyage, on suit plutôt bien les personnages. Le découpage est varié, avec ce qu'il faut de distance ou de proximité (par exemple le gros plan sur Laeticia Casta à la fin fonctionne super bien). Le montage est bien rythmé, c'est court mais on prend son temps.
Arrive la fin. On est heureux. Mais a-t-on oublié la deuxième phase du plan ? On parle à un moment d'une idée mexicaine, mais avant ça il a été évoqué une épuration de la population mondiale, sur tirage au sort. Moi je dis, Garrel pourrait partir là dans le registre de l'horreur, lui qui semble apprécier différents genres ; évidemment ça ne serait pas de l'horreur pure ni de l'auteure auteurisée, mais un truc qui serait un peu bizarre comme il aime faire. J'imaginerais bien les gosses qui tirent au sort sans en parler aux parents et puis qui doivent assumer le résultat. Ce pourrait être un film court assez chouette, j'imagine bien ça raconté de manière intimiste à l'instar du premier volet de The Purge, où on suivrait une famille principale.
Bref, chouette petit film même si ce n'est pas parfaitement élaboré, on passe un bon moment.