Il était impensable de ne pas réunir dans un même film deux des grandes vedettes comiques du cinéma français. Encore fallait-il ne pas s'en tenir là et imaginer pour Fernandel et Bourvil une comédie à la hauteur de leur talent. La scène emblématique du film restera ce fou rire complice entre les deux acteurs, incarnant deux restaurateurs, moment pourtant bien dérisoire et filmé ostensiblement.
Le film de Grangier est l'oeuvre de quatre scénaristes dont la création échappe de peu au nanar. Etait-ce bien utile d'être autant pour écrire ce simili de comédie provençale, ses accents chantants, ses parties de boules et ses clichés?
Le sujet part d'un imbroglio administratif quand Jouvin (Fernandel), porté disparu depuis la guerre, revient au bercail et trouve sa femme remariée avec André (Bourvil, donc). Jouvin prétend faire valoir ses droits et évincer André. Commence alors une rivalité bon enfant entre le spécialiste de la bouillabaisse et le chef normand.
Les deux personnages sont ternes et les auteurs n'ont pas su mettre l'accent sur leur contraste, culturel ou humain. C'était pourtant le seul moyen de donner un sens à cette comédie qui, dès lors, se contente d'une vague situation vaudevillesque au coeur de laquelle chacun des deux acteurs fait un petit numéro stérile, sans matière.