Sur un délire orchestré par Joann SFAR

Je sors d'une séance de La Dame dans l'auto avec des lunettes et un fusil.
Pendant 1h30, Joann SFAR m'a conduite, et dans une Thunderbird, rien que ça, dans le délire de Dany. Parce qu'il s'agit bien là d'une réappropriation de l'oeuvre de JAPRISOT par le génie de SFAR.
Une création savamment et subtilement mise en images, en vignettes, en superpositions spatio-temporelles.
De prise de conscience en mise en abîme dans la folie, le monde de Joann SFAR donne à ce polar schizo-paranoïde toute une dimension onirique, délirante (dans le sens de la chute dans le délire), tout une perspective si particulière, si intime, puissamment sobre.
Freya MAVOR vient prendre place là où ADJANI avait déjà interprété une héroïne de JAPRISOT au cinéma dans l'excellent L'été meurtrier.
C'est avec ce petit air d'ADJANI, du temps où elle mettait sa beauté ingénue et faussement innocente au service de la folie des personnages qu'elle interprétait, que la jeune comédienne montre cette oscillation entre un léger délire schizophrénique déjà présent dans le psychisme de Dany, faisant d'elle une cousine transgénérationnelle de Madeleine Elster / Judy Barton (Kim NOVAK dans Vertigo d'Alfred HITCHCOCK) et la tentative de mettre du sens au monde réel qui lui oppose une succession d'incompréhensibles fins de non-recevoir.
A souligner une bande originale excellente et envoûtante.
Mon vrai coup de coeur de l'année.
Bonne séance :)