Si The Iron Lady vaut le coup d’oeil, c’est bien pour la performance de Meryl Streep. Sans l’aduler comme la plupart des mecs qui s’occupent de voter aux Oscars, je l’ai toujours trouvée assez sympathique et bonne actrice. Mais ici, on est forcé de reconnaître que sa transformation est mémorable. Autant au niveau physique - elle se pare d’un casque de cheveux blonds aussi rigide que la dame elle-même - qu’au niveau de la voix et des expressions. Quiconque a déjà écouté un des discours de cette conservatrice de fer, ne pourra s’empêcher de remarquer la quasi similarité entre les deux timbres. Mais à part ça …
C’est creux.
Oui. Maggie démarrera petit et terminera au sommet, redonnant de sa puissance économique à l’empire Britannique, rampant depuis la fin de la guerre. Oui, son ascension - notamment en tant que femme - est admirable, mais le film semble oublier que son parcours politique est loin d’être aussi parfait qu’il en a eu l’air. Car si la moitié de la population de l’époque l’adorait, l’autre moitié - à terre - aura rarement autant souffert de sa politique individualiste. Et puis, c’est un peu court 1h44 pour se focaliser sur trois mandats (et non, deux trois vielles images d’archives ne suffisent pas), notamment quand la majeure partie du film se concentre sur les dernières années de cette figure emblématique, qui divague et hallucine interminablement.
Le film, trop sentimental et romancé (oui, oui, elle n’était pas là quand Airey Neave se fait assassiner en vrai. Et ce n’était pas non plus la seule femme du gouvernement) pour sembler authentique, tente d’humaniser Thatcher, lavant le sang qu’elle a bel et bien sur les mains. On n’apprend pas grand chose et les interrogations demeurent. Si certains clameront qu’elle a sauvé le Royaume-Uni pendant que d’autres se réjouiront à sa mort, Margaret Thatcher n’a rien d’une héroïne; ce que Phyllida Lloyd semble oublier tout en essayant de nous apitoyer, nous montrant que même le fer peut se ployer. Et mettre la gentille et bien-aimée Meryl Streep en tête d’affiche ne me fera pas changer d’avis sur le personnage. N’était-ce pas là l’effet escompté?