Ding dong the witch is dead !
Film merveilleusement en accord avec son objet : "There is no alternative" disait Margareth Thatcher pour justiier sa politique libérale, autrement dit ce n'était même pas une option idéologique mais une fatalité, ou plutôt une espèce de bon sens, que de mener cette politique.
Et bien c'est la même chose dans ce film : la politique est absente. Comme si dans le fond Thatcher n'avait pas été une femme politique, mais au dessus de ça. Tout est donc consacré à sa destinée : seule femme parmi une cohorte de députés, femme "modeste" partie de rien - au passage il semble que malgré ce que montre le film, elle ne fût pas simple fille d'épicier, mais plutôt fille de négociant qui possédait un solide réseau d'épicerie, nuance.
Et puis ce titre qui glorifie son surnom de "dame de fer". Autrement dit, elle peut mener la politique la plus stupide, la plus atroce, la plus éloignée des intérêts du peuple : les manchots du libéralisme applaudissent sa détermination, son courage, sa fermeté. Quelle gloire a la fermeté stupide et aveugle ? Aucune mise à distance de ce surnom dans le film, quand Naomi Klein en a pourtant donné une bonne Analyse dans "La Stratégie du Choc" : M. Thatcher a acquis ce surnom dans la guerre des Malouines, grâce à sa fermeté pour défendre un caillou au large de l'Argentine, que le Royaume Uni avait d'ailleurs largement démilitarisé suite aux coupes dans le budget du gouvernement ... Thatcher. Ce simulacre de front extérieur réglé, elle a pu annoncer qu'elle serait tout aussi intraitable dans le front intérieur qu'elle ouvrait contre les syndicats ! On connait la suite ...
A peine une allusion aux grévistes de la faim qu'elle laissa mourir dans leur cellule ; des images de violence sans jamais une explication politique, même sommaire, de ces grèves qui ont paralysé l'Angleterre pendant de nombreux mois ; et puis on ne devait sûrement pas avoir assez de temps pour la montrer prenant le thé avec Pinochet - enfin, si aucun n'acteur n'avait envie de se coller au rôle du dictateur moustachu, il suffisait de la montrer rédigeant une lettre au Chilien, lui expliquant qu' elle "[craignait] que les théories économiques expérimentées au Chili ne puissent facilement être exportées au Royaume-Uni, car le peuple britannique [était] trop accoutumé à la tradition démocratique, et ne souffrirait pas une telle violence exercée contre lui".
La grande part attachée à l'Alzheimer terminal de la dame, absolument inintéressant du point de vue narratif, à au moins le mérite de donner une conclusion - malgré le réalisateur à mon avis ! - sur le libéralisme : il est conduit par une bande de tarés inconscients, mentalement dérangés, qui n'ont du réel une intelligence assez faible ... Le chaos mental dans lequel se termine leur existence, est le miroir du chaos dans lequel ils plongent le monde quand ils accèdent au pouvoir.
"Ding dong, the wicked witch is dead !"