Pendant que nous étions occupés à tenter de prouver la supériorité stratégique de la ligne Maginot face à la technique de Blitzkrieg allemande, nos amis pas encore alliés américains continuaient à faire des comédies sans conséquence de l'autre côté de l'Atlantique.
Heureusement ils les faisaient bien. Cela valait le coup de les attendre un peu sur les plages de Normandie.

Tout d'abord, il faudrait que quelqu'un m'explique le titre. Certes, l'enjeu dramatique est une femme, Hildi, raccourci du charmant et désuet prénom Hildegarde, et qui ressemble étrangement à Susan Sarandon en noir et blanc, que Cary Grant, patron du journal The Morning Press, va tâcher de reconquérir avant qu'elle se remarie avec l'assureur qui passait par là, Bruce, incarné par Ralph Bellamy. Mais pourquoi spécialement le vendredi, jour du poisson ? Enfin, bref.

Prototype de la screwball comedy (cela fait toujours bien de dire ça au détour d'une conversation), les dialogues s'enchaînent à toute vitesse, et la plupart des private jokes tombent complètement à la trappe, le sous-titrage n'arrivant pas à les rendre compréhensibles ni même à les traduire, notamment la savoureuse anecdote où le personnage de Cary Grant parle de la triste fin d'un certain Archie Leach (son véritable nom) qui aurait croisé son chemin, ou quand en voulant décrire Bruce à son associé véreux, il dit "Il ressemble à l'acteur Ralph Bellamy !".

Cependant, le rythme change au milieu du film, devient plus acide et plus cynique. C'est surtout le personnage de Cary Grant qui apporte la touche loufoque et comique. Le milieu du film, plus basé sur la prochaine exécution et l'évasion d'un condamné à mort, est plus acide dans sa dénonciation à la fois des méthodes peu scrupuleuses du maire prêt à tout pour se faire réélire, quitte à inventer une menace communiste (alors que nous ne sommes qu'en 1940, Hawks ayant flairé de quel côté le vent allait tourner), ou bien des autres journalistes qui sont prêt à tout pour vendre du papier, poussant à avancer l'exécution pour que cela paraisse dans l'édition du matin ou bien en déformant immédiatement les faits pour les rendre plus scandaleux.

Ce n'est pas une comédie où l'on rit franchement aux éclats, cela va un peu trop vite pour cela et il faut rester aux aguets pour comprendre la finesse du dialogue , mais qui engendre le sourire intérieur du connaisseur. Cary Grant, en patron de presse complètement cynique et sans scrupule, Rosalind Russell en accro du scoop est parfaite dans son rôle, font un couple parfait pour une comédie originale et acerbe qui se déguste à toute heure du jour et de la nuit, et pas seulement le vendredi.
Socinien
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le 9 juil. 2011

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