Daniel dans la fosse aux lionnes
En attendant de trouver un remplaçant à Megaupload, j'ai décidé par désœuvrement de retourner au cinéma et d'aller voir ce film en avant-première, bravant le froid et les fans qui attendaient les étoiles plein les yeux et les mains gercées pleines de posters de leur magicien préféré.
Les fans, enclos par des barrières comme des animaux sauvages, tatoués au marqueur par ordre d'abattage, étaient nimbés de brume artificielle. Une atmosphère de place Tahrir, avec 30 degrés en moins, avec autant de larmes, pas provoquées par les gaz lacrymogènes, mais par la frustration de ne pas avoir eu autant d'autographes que d'heures passées dans le froid.
Quand l'étoile tant attendue est descendue des cieux et de sa limousine, un frisson d'excitation a parcouru la foule emmitouflée. Après les courbettes et les risettes de rigueur aux journalistes qui baragouinaient tant bien que mal des questions qui se voulaient drôles et impertinentes avec un très fort accent français, les photos floues avec les fans, Daniel Radcliffe, est venu dans la salle, bon prince et sûrement bien payé (certainement plus que tous les pauvres danseurs qui a cinq cents mètres de là, s'échinaient à faire des entrechats devant un public toujours plus grisonnant et subventionné) dire à quel point le public français était trop génial. Et comme votre serviteur était dans la salle, je vais vous donner une super EXCLU : Daniel n'aime pas les cafards. Mais manifestement, il aime les fantômes. Et ramper dans la boue. Vous êtes contents du renseignement, non ?
C'est à ce moment là, que les filles du public se sont rendu compte de la nature du film : c'est censé être un film d'épouvante (pas d'horreur, n'exagérons rien, ce n'est dans celui-là que vous verrez Harry Potter en tueur en série psychopathe et pervers, assassiner des filles avec des litres de sang, dans quinze ans peut-être, après son troisième séjour en cure de désintoxication, des investissements frauduleux et trois mariages ratés). Des centaines de filles prises au piège, attirées par les beaux yeux myopes et écarquillés de Daniel Radcliffe et sa cravate moutarde se sont donc retrouvées à hurler dans le noir une fois que ce dernier eût tourné les talons pour retrouver le minibar de sa chambre d'hôtel.
Produit par la Hammer, qui est aussi une revenante comme celle du titre, le film remplit son quota d'apparitions fantomatiques,de cimetières plein d'herbes folles, de clowns et d'automates grimaçantes qui bougent dès qu'on a le dos tourné, de bougies qui s'éteignent brusquement, de loquets de portes qui tournent tout seuls et de nappes de brume pour l'ambiance. Les décors extérieurs sont même plutôt pas mal, avec des scènes dans les sables mouvants plutôt réussies. L'histoire par contre est plutôt bateau (cela tombe bien, cela se passe au bord de la mer) donc je ne vous la raconterai pas et les personnages sont mal dégrossis. Daniel Radcliffe s'en sort quand même honorablement, même s'il fait quand même moins d'étincelles que dans Harry Potter, vu qu'il n'a plus sa baguette magique et qu'il est un peu trop jeune pour le rôle. Le renouveau du genre apporté par les réalisateurs hispaniques, comme Amenábar, del Toro, ou Bayona, n'a eu manifestement que peu d'influence sur James Watkins (pas sûr à la vue du résultat qu'il y ait une relation quelconque avec Peter Watkins).
Bref, c'est un chouette téléfilm à regarder un dimanche soir sur France 4. Sauf que vous, vous verrez pas Daniel Radcliffe en chair et en os dans votre salon dédicacer votre papier peint.
La vie est injuste, n'est-ce pas ?