Après une renaissance inespérée avec Laisse-moi entrer, la Hammer, célèbre boîte de production Anglaise, s'était néanmoins légèrement plantée avec ses derniers métrages, dont La locataire, avec un Christopher Lee qui était loin des têtes d'affiche qu'il tenu à une époque.
Cette fois-ci, la prod a décidé d'adapter un roman à succès, The Woman in Black de Susan Hill. Cette oeuvre avait d'ailleurs déjà eu le droit à une adaptation en 1989, et tout comme celle-ci, ce nouveau métrage prend certaines libertés. Le protagoniste interprété par Daniel Radcliffe n'est plus célibataire ou mari heureux, mais veuf, probablement car c'était la dernière option possible. L'oeuvre ne commence donc plus avec légèreté, mais directement avec un ton grave, afin d'englober la totalité de la pellicule d'une aura macabre rappelant par exemple Sleepy Hollow. Un point positif, mais malheureusement, si cette nouvelle version se montre esthétiquement réussie, avec des décors lugubres (la bâtisse joue pour beaucoup, véritable réplique de train fantôme fourmillant de détails ), et des maquillages épargnant le ridicule de la version de 89, tout repose sur les épaules de Radcliffe, et il faut bien avouer qu'en terme de stoïcisme on aura rarement vu pire. Son personnage n'évolue pas, contrairement à celui de la précédente adaptation, et hormis afficher un visage bougon et rouler des yeux, il ne montre absolument aucun sentiment, ne semblant guère terrorisé par les évènements surnaturels qui se produisent autour de lui (ce que les maquilleuses ont tenté de corrigé en ajoutant progressivement du noir sous ses yeux), chose d'ailleurs partagée par le spectateur, tant cette histoire se montre ennuyeuse et manque cruellement de moments effrayants, si ce n'est un bref effet de miroir qui en prendra un paquet par surprise.
Bref, La Dame en noir n'est pas le retour aux sources que l'on attendait tant, et sans être un ratage total, ne fait ni honneur à Susan Hill, ni à la Hammer, et bien que cette dernière fasse mieux qu'avec La locataire, elle continue à avoir du mal à nous proposer à nouveau de la qualité.
La plupart des effets qui fonctionnent deviennent répétitifs (le coup du miroir) ou récupérés d'ailleurs (les automates renvoyant à Stephen King), ce qui n'aide pas, et cette fin, diablement cul-cul, vient apporter une touche d'espoir à une oeuvre qui se voulait fataliste, or prendre des libertés est une chose, mais la dénaturer en une autre. Reste qu'hormis ces défauts, trois grands professionnels se sont réunis pour nous offrir un réel enchantement visuel, dont Paul Ghirardani, directeur artistique révélé par Anna et le roi, de même que Niamh Coulter, qui après son travail sur Dorian Gray trouve un poste dans la continuité, et pour finir Keith Madden, costumier qui quant à lui s'était illustré avec Centurion (et proche de James Watkins, le réalisateur, puisqu'ils avaient déjà travaillé ensemble sur Eden Lake).
Quelques clins d'oeil à l'adaptation de 89 seront à noter, dont Radcliffe se promenant hache à la main ou les moments d'obscurité (cependant à la bougie plutôt qu'à la lampe torche).
Coïncidence presque trop folle pour être un hasard, Daniel Radcliffe jouait Harry Potter, ça vous le saviez déjà, mais Adrian Rawlins, qui interprétait James Potter, son père, était également celui qui jouait son personnage dans la précédente adaptation.
Pour conclure, si vous aimez les fantasmagories gothiques modernes, cette pellicule aura probablement ce qu'il faut pour vous distraire, ne serait-ce qu'une fois. A l'inverse, si vous aviez été convaincu par la version écrite et sa précédente adaptation, celle-ci ne vous apportera rien, si ce n'est une amélioration cosmétique.
Mention spéciale pour la direction artistique, qui est le gros point fort de cette production. Les maquillages sont très réussis (en particulier la dame en noir), les costumes sont parfaits, et la photographie et matte-paintings font honneur aux films vintage. Du vrai travail d'orfèvre.