Commençant à se créer une petite renommée dans le genre de la Kung Fu Comedy à la toute fin des années 70, le jeune Jackie Chan arrive à obtenir un budget conséquent pour réaliser son deuxième film et le premier sous la houlette de la Golden Harvest. Libre de se lâcher comme jamais dans le burlesque et les chorégraphies dingues (alors qu'il subit au même moment l'inverse totale pour son passage aux États-Unis), l'acteur-réalisateur va mettre en boîte près de trois heures de bobine qu'il raccourcira pour l'exploitation en salles, se concentrant donc sur cette énième histoire de clans rivaux, de traîtres et de méchants maîtres.
À vue de nez, on se retrouve devant un film de kung fu lambda comme on en a vu des centaines. Toutefois, force est de constater que Chan va jouer habilement avec les codes pour mieux les détourner, proposant en premier lieu un scénario classique de jeune apprenti malchanceux aux prises avec la police et d'autres énergumènes qui va se muer en coming of age movie drôle et malicieux. Nous découvrons donc les prémices du style Jackie Chan avec son utilisation du décor (notamment les chaises), ses pirouettes et autres prouesses dangereuses pour le commun des mortels et ses combats chorégraphiés nettement plus brutaux qu'auparavant.
Aujourd'hui un brin longuets et manquant encore un peu trop de sincérité, les affrontements n'en demeurent pas moins exaltants et gorgés d'humour, que ce soit contre le génial Shih Kien (célèbre pour son rôle de Han dans Opération Dragon) ou contre le boss final Kam, interprété pour l'occasion par le Coréen Hwang In-shik. Peuplé de quiproquos drôlissimes et de bagarres humoristiques, La Danse du Lion (un titre bien erroné, dans la lignée des traductions françaises) ne brille certes pas de son scénario classique ni de son montage hasardeux rendant certaines séquences incompréhensibles mais bel et bien de son punch omniprésent et de la capacité de Chan de réaliser à seulement 26 ans un brillant film qui amorça concrètement sa carrière devant et derrière la caméra.