J’adore Jackie Chan, mais je ne suis vraiment pas adepte de ses premiers films, et plus généralement des films d’arts martiaux "d’époque", c’est souvent les mêmes histoires, où un type se fait chasser de son école de kung fu ou doit défendre son école contre une autre en raison d’un affront. Et surtout avec Jackie Chan il y a toujours cet humour pourri à base de mecs avec des poireaux énormes sur la gueule (et je pense en avoir vu suffisamment pour faire ce type de généralisation). Mais bon, j’ai lu que La danse du lion figurait parmi les meilleurs, alors il fallait bien que je le voie.
Le titre français fait référence à une tradition chinoise, où un duo de danseurs porte un costume de lion. Dans le film, il est porté par les représentants de deux écoles d’arts martiaux, pour s’affronter dans une étrange épreuve à la koh-lanta : ils sont deux sous ce costume, et chaque binôme doit grimper sur un parcours avant de s’affronter comme ils peuvent en tenant sur une planche.
Ca paraît un peu absurde comme ça, mais ça met quand même en avant une souplesse et un sens de l’équilibre impressionnants.
Cette compétition, et l’échec pour l’école du héros, nommé Dragon, est l’élément déclencheur de l’intrigue, qui se situe un peu entre les deux schéma récurrents que j’évoquais : là Dragon se fait chasser de son école, mais pour pouvoir ramener son pote Tigre, qui est parti auprès d’un autre maître, et donc en quelque sorte défendre l’honneur de son école.
On retrouve pleins d’autres éléments qu’on connaît déjà, comme l’inévitable combat final dans une plaine déserte, Jackie qui se déguise en vieux clochard (ça a déjà été vu ailleurs, je ne sais plus dans quel film), et pas de poireau poilu pour une fois mais beaucoup de personnages avec des gueules pas possibles, soit parce qu’ils se forcent à avoir un air colérique, soit parce qu’ils ont été choisis pour leur sale tête.
Certains gags sont d’une lourdeur absolue, dignes de Benny Hill (le combat en accéléré, les ennemis dans des douches adjacentes, la réanimation du poisson rouge, les sables-mouvants où Jackie est obligé de chanter, …). Le plus taré reste ce plan final, complètement cartoonesque, et pourtant carrément glauque.
J’ai fait l’erreur (enfin, ça dépend du point de vue) de voir le film dans sa VF, qui est évidemment ridicule. Les insultes gratuites fusent, je sais pas si c’est ainsi aussi dans la VO mais il y a un moment hilarant où le maître en arts martiaux balance un énorme "ta gueule !" à un gamin. Il persécute tous ses élèves, qui pleurnichent alors comme des enfants.
La danse du lion est la seconde réalisation de Jackie Chan, et heureusement qu’il s’est amélioré depuis parce que là il y a un énorme abus des zooms et dézooms, on croirait une parodie. Il y a toute une séquence de dialogue où chacun des plans, qui sont courts en plus, commence par un zoom ou un dézoom, voire enchaîne les deux ; et une autre séquence où est répété le même plan de zoom sur le méchant, entrecoupé de zooms sur d’autres personnages.
Il y a un choix de mise en scène très étrange aussi lorsqu’un type parle à voix basse à un autre, il y a cet effet où l’on coupe leurs paroles… sauf que d’un plan large, Jackie Chan passe au gros plans à ce moment-là !
C’est très expérimental, comme le choix de musique, complètement à côté de la plaque. Il y a du jazz sur les moments dramatiques, et lors des scènes comiques, ce que je décrirais comme une sorte de musique de cirque psychédélique (essayez d’imaginer).
Au niveau des combats aussi, Jackie se cherche encore, quelques affrontements sont encore trop peu fluides, comme si les adversaires répétaient une parade au lieu de se battre.
Mais autrement, La danse du lion est plein de bonnes chorégraphies, Jackie multiplie les utilisations du décor ou d’objets insolites (banc, éventail), de façon très impressionnante. Et c’est dans les combats que j’ai pu trouver un humour bien plus efficace que dans les séquences simplement guignolesques. Il y a un affrontement où Jackie se défend avec un objet précieux, et ce moment hilarant où il grimpe un mur en étant à l’horizontale, pour s’expliquer au sommet : "tu t’exerces ?" – "non, je voulais simplement voir quelle était la longueur".
Finalement, même si les Jackie de cette époque ne sont pas ma came, La danse du lion est un divertissement agréable ; ça reste très bête, mais l’humour est tolérable et les combats valent le coup.