Pour tous les experts du maître nippon, il s'agit d'un "petit" Naruse, du fait d'une intrigue principale floue et parasitée par d'autres histoires, alors que, la même année, le cinéaste tourne deux très grands films : Le repas et Le fard de Ginza. C'est juste, mais c'est une aussi une oeuvre qui s'imbrique parfaitement dans le mur de mélancolie qu'est le cinéma de Naruse, contre lequel se brisent les vagues de l'océan et les larmes des femmes. La danseuse, tirée d'un roman de Kawabata, est le récit du naufrage d'une famille, il y règne comme une sourde nostalgie de la guerre, quand les choses étaient plus simples, puisqu'il fallait surtout penser à survivre. Avec la paix, et la liberté retrouvée, les personnages du film sont confrontés à des choix impossibles. La mère, ancienne danseuse de ballet, et sa fille, qui suit ses traces, ont une alternative : renoncer au bonheur ou renoncer au confort de l'habitude. La mise en scène de Naruse épouse cette indécision avec des travellings arrière moelleux comme des cookies sortis du four. Le dénouement, sur la musique du Lac des cygnes, est d'un lyrisme discret, poignant. Et ce n'est qu'un "petit" Naruse !