La Danseuse
6.6
La Danseuse

Film de Mikio Naruse (1951)



C'est un film qui transpire Kawabata par tous les pores, un gros mélodrames d'une générosité folle que nous offre Naruse, à double tranchant malheureusement.


J'aime beaucoup la tournure élégiaque que prend l'esthétique du film, fonctionnant par matérialisation ce qui est assez rare chez lui, et ici fonctionne la plupart du temps, surtout avec l'ombre tragique de kawabata qui flotte au dessus du récit, comme dans le grondement de la montagne (dont il reprend l'acteur principal So Yamamura). Cette effervescence de la force éternelle de la nature par les paysages bucoliques battus par le vent, et du temps par le folklore historique (les bouddhas qui jonchent le film) paraissant immuable. Ces images immortelle sont introduites dans le cadre de mouvements de l'histoire à hauteur de tranches de vie, donc extrêmement turbulente et changeante, et cela créé un oxymore thématique magnifique, ce mouvement puissant, désespéré face à la sagesse de l'absolue beauté.


Mais bon de l'autre côté c'est un film qui transpire comme je l'ai dit au dessus, qui essaye de suivre les mouvements de l'âme par la mise en scène avec donc des mouvements de caméra très rhétoriques qui tombent souvent dans l'explicatif, comme cette scène finale avec plus de 5 travellings avant qui viennent percer, violer la pudeur des personnages qui aller chercher l'émotion, ce que Naruse arrive à éviter d'habitude dans ses films, grands ou petit. Cela donne un gout amer qui m'a fait passer ce film de 9 à 7, car aussi magnifique soient-elles, ces scènes semblent trop nous en dire et pas assez nous faire sentir, et l'impact dramatique des troubles dissimulés des personnages n’éclatent plus avec la même force, car justement ils ne semblent plus si dissimulé que cela. La puissance du mouvement se perd quand il ne peut plus être prit dans sa singularité par rapport au calme, par l'uniforme représentation. L'éclair réussi cela, Le grondement de la montagne réussi cela, La danseuse échoue par contre malheureusement et passe du chef d’œuvre au simple mélodrame agréable.

Abrom
7
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le 8 mars 2023

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