Quel bon film Noir, si méconnu. Parfaitement Noir, avec pour l'originalité une dose de Nouvelle vague (Doniol Valcroze avait fondé les Cahiers du cinéma avec Bazin en 51).
C'est le meilleur film "avec voix off" que je connaisse, une technique de narration qui d'habitude me déplaît. Je donne la note 8, deux points manquant pour une certaine lenteur, le manque de réalisme des filatures (peut-être volontaire, mais j'y vois alors une coquetterie toute aussi inutile), et un film un peu trop masculin, ou dans la phallocratie de son époque.
Il y a que c'est un film ancré dans deux des dernières guerres de la France, la seconde guerre mondiale et la guerre d'Algérie, celle-ci venant alors juste de finir. Le dialogue entre ces guerres se situe bien sûr autour de l'histoire du fascisme Français, mais il y a avant tout un dialogue intérieur, et comme une guerre de libération qu'entreprend en lui-même le héros, Michel Jussieu, ancien résistant si bien interprété par Maurice Ronet.
Les trois rôles féminins sont actifs dans l'avancée de l'intrigue, on voit que le réalisateur est très amoureux de Françoise Brion qui a cette présence douce et pimentée, pile entre Dorléac et Meril (mais ma comparaison est actuelle et anachronique : elle occupait ce segment quelques années avant ces deux actrices), donc un créneau exceptionnel de finesse et d'intelligence.
Sacha Pitoëff est génial, et enfonce Michael Lonsdale dans une finale de championnat des sourcils.