Agent détachée pour l'UE dans un camp de réfugiés à Catane, en Sicile, Nathalie Adler organise tant bien que mal la visite soi-disant surprise d'Emmanuel Macron et Angela Merkel. Réellement surprenante est la rencontre avec son fils, bénévole dans une ONG sur place et influencer Tik Tok très remonté contre la politique migratoire et encore plus contre sa mère, avec laquelle la relation est plus que difficile.
D'un genre plutôt rare (la comédie politico-européenne n'emballe pas les foules), La Dérive des continents (au sud) suit une noble et intéressante entreprise. Cependant, le film n'arrive pas à nous entraîner dans son rythme, qui pêche en longueur et en humour, assez lourd.
D'une part, la politique européenne est l'occasion de rire des situations comiques et absurdes des protocoles diplomatiques, surtout si ils sont orchestrés par des parangons du jeune fonctionnaire macroniste et de l'administratrice allemande. On se moque gentiment de ce petit monde, ouvert au multilinguisme mais fermé aux réalités de terrain (mise en scène théâtrale de l'accueil du Président de la République alias PR et la Bundeskanzlerin alias BK dans le camp, pas assez délabré pour l'effet médiatique).
D'autre part, la relation mère fils permet d'éclairer la politique migratoire et plus généralement nos valeurs et idéaux politiques via ce choc générationnel et familial. Le fils est idéaliste, révolté tandis que la mère est plus pragmatique même si elle n'a pas encore été frappée par le cynisme ou la désillusion. Enfin le lesbianisme de la mère est en toile de fond mais laissé un peu de côté dans la narration, puisqu'on comprend que c'est ça qui l'a fait s'éloigner de son fils sans plus entrer dans les détails.
Le film propose une perspective différente sur les débats contemporains de la politique européenne mais sans réussir à nous convaincre.