Adapté d'un roman de Léonard Gardner, Fat City raconte l'histoire de deux boxeurs dans un bled pourri de Californie. Il y a le jeune qui monte (Jeff Bridges dans l'un de ses premiers grands rôle ) et le moins jeune, marqué par l'alcool, qui tente d'inverser le cours d'une déchéance programmée (formidable Stacy Keach). Leurs espoirs et leurs désillusions, leurs amours et leurs scènes de ménage, leurs cuites et leurs gueules de bois, Huston les filme avec l'humanité de celui qui a connu de près ce monde du ring, puisqu'il avait lui-même été champion de boxe dans sa jeunesse. Rarement des combats ont été montrés avec un tel réalisme: chaque coup fait mal, surtout lorsque l'on sait que l'un des adversaires souffre de lésions qui pourraient le laisser définitivement sur le carreau. Ici , on ne se bat pas pour la beauté du geste, mais pour essayer d'échapper à la misère, de gagner quelques dollars autrement qu'en triant des oignons ou en ramassant des noix sous l'assommant soleil de Californie. A 65 ans , John Huston livrait sans doute là son film le plus personnel et le plus émouvant, presque un documentaire à la mise en scène dépouillée, aux antipodes des superproductions dont il était coutumier.