Film un peu méconnu dans la vaste filmographie de John Huston, "Fat City" rassemble pourtant de nombreux thèmes chers au réalisateur, en particulier cette affection pour les losers, ces types qui n'arrivent pas à sortir la tête hors de l'eau quand bien même ils essaient de faire quelque chose de leur vie. Nous suivons donc le parcours de Billy Tully, ancien boxeur devenu alcoolique tentant de remonter sur le ring mais aussi celui d'Ernie, un jeune boxeur que Tully prend sous son aile et qui a tous les atouts pour une belle carrière rapidement fichue en l'air par les aléas de la vie. Regardant ses personnages avec affection, Huston nous les montre surtout en dehors du ring trimer pour gagner leur vie et pour trouver un peu de réconfort auprès des femmes tandis que dans le ring, il nous montre des types qui ont toujours l'air aussi paumés. La niaque, contrairement à Rocky Balboa, ils ne l'ont pas vraiment. Et pourtant boxer est ce qu'ils savent faire de mieux, qu'importe si on en prend plus dans la tronche qu'on en donne. Sans jamais tomber dans le pathos, John Huston nous montre ces deux losers faire leur bonhomme de chemin, encaisser les coups et continuer puisqu'il le faut bien. Dans la peau de Billy Tully, Stacy Keach trouve son meilleur rôle, livrant une interprétation dense et pleine de mélancolie et de détresse. Face à lui, Jeff Bridges encore tout jeunot se montre également très bon dans cette ode à la lose touchante, parfaitement illustrée par une scène finale poignante et joliment rythmée par le "Help Me Make It Through The Night" de Kris Kristofferson.