En homme intelligent qu'il est, Clint Eastwood s'est toujours arrangé pour se mettre les studios dans la poche, acceptant de leur servir la soupe en échange de projets bien plus personnels. Ainsi, afin d'avoir la possibilité de mettre en scène des oeuvres sublimes comme "Bronco Billy", "Bird" ou encore "Honkytonk man", le grand homme aura joué le jeu des producteurs en acceptant des projets purement alimentaires, parvenant même, dans le meilleur des cas, à les transcender. Ce qui n'est pas le cas de cette "Dernière cible", dernier volet des aventures de Dirty Harry dont la mise en scène échoue à Buddy Van Horn, le poto cascadeur de Clint himself.
Dès les premiers instants, ça pique les yeux et fait saigner les oreilles, le scope s'étant fait la malle, le score de Schiffrin étant à peine digne d'un épisode de "Riptide", la mise en scène de Van Horn tapant dans la pure bouillie télévisuelle et Clint ayant l'air de se faire chier comme un rat mort.
Plus d'une heure et demie plus tard, le fan de Don Siegel et d'Eastwood que je suis est en pleure devant un tel massacre, alors que "Sudden impact" offrait justement une conclusion parfaite à l'aventure. Au lieu de ça, on tire sur la corde jusqu'à épuisement total de la tolérance du spectateur, déféquant un script d'une bêtise crasse (l'inspecteur sino-américain pratique forcément le kung-fu) et aussi palpitant qu'une saison entière de "Rick Hunter".
De toute cette misère, je n'aurais retenu que deux éléments grandioses de conneries donc très drôles (la poursuite avec la voiture téléguidée et le harpon, fallait oser), la courte présence d'un Jim Carrey alors inconnu en rockstar moisie et le caméo très très furtif des Guns 'n roses. D'où ma note extrêmement généreuse.