Étonnamment surprenant ce film; c'est sans doute l'oeuvre la plus personnelle que j'aie vu.
En effet, La Dernière Fois que j'ai vu Macao semble dépasser le cadre de la simple fiction sans pour autant être un documentaire. A ce caractère hybride peu commun se rajoutent certaines audaces formelles qui finissent par apporter à cette oeuvre son étonnante singularité.
L'histoire nous est narrée par le personnage principal qui n'est autre que l'un des deux réalisateurs (Joao Rui Guerra Da Mata) et nous raconte son retour à Macao, l'endroit qui l'a vu grandir et vivre les plus belles années de sa vie. Rapatrié au Portugal au moment de la rétrocession de Macao à la Chine, Da Mata revient sur ces terres à la demande d'une vieille amie perdue de vue qui est partie s'y installer. Cette amie prénommée Candy, lui dit être en danger de mort parce qu'elle a découvert un secret impliquant une organisation aux dessins obscurs et lui demande son aide pour ce sortir de ce pétrin.
Si cette intrigue semble n'avoir rien de très original, c'est par son traitement que le film se différencie de tout ce qu'on a pu voir ailleurs.
Tout d'abord, la quasi-totalité du film se base sur le point de vue du narrateur; tout passe par ses pensées, on est au plus prés de lui et on ne quitte son point de vue qu'à de rares occasions. C'est l'occasion rêvée de découvrir Macao, que ce soit pour le spectateur ou pour Da Mata qui peine à reconnaître la péninsule qu'il a aimé tant celle-ci a changé. Quelques endroits sont toutefois restés les mêmes et le rappellent à son passé, dans des moments où mélancolie et nostalgie se mêlent.
Loin de rebuter ou de fatiguer le spectateur, ces digressions aux allures de documentaire apportent au film une toute autre dimension. D'ailleurs est-ce que ce sont vraiment des digressions? J'ai fini par me demander si le vrai cœur du film n'était pas là.
Il faut savoir que cette partie concernant Da Mata et son enfance à Macao sont réels. En même temps ça transparaît de manière tellement authentique dans le film que ça a tout de l’évidence.
L'histoire construite autour semble plus être un prétexte pour parler de ce retour et de ses conséquences qu'un vrai moteur; malgré tout elle reste intéressante dans son développement et dans la façon dont elle est mise en scène.
Cette mise en scène, disons-le, fait des merveilles malgré un parti-pris assez radical des auteurs: aucun et je dis bien aucun des acteurs principaux ne montrera son visage durant tout le film. La caméra ne nous laissera jamais voir les traits des personnages principaux, se contentant de nous montrer leurs corps, les figurants et surtout Macao. Cela peut sembler assez rédhibitoire mais il n'en est rien; je dirais même que le film s'en sort grandi.
Devant une telle réussite quelques défauts subsistent tout de même, en particulier au niveau de l'intrigue. Si l'histoire est intéressante, son développement laisse à désirer, surtout dans sa dernière partie dans laquelle s'incrustent des éléments fantastiques. Je suis loin de détester ce genre de choses mais force est de constater que ça n'apporte pas beaucoup à l'intrigue.
En plus de ça, il y a ce final contemplatif qui laisse des questions non résolues et montre les limites de la démarche des réalisateurs visiblement moins centrés sur le récit que sur... Macao.
Et oui, tous les chemins mènent à Macao.