La Dernière fois que j'ai vu Macao par pierreAfeu
La dernière fois que j'ai vu Macao fait partie de ces films dont la démarche créatrice touche à l'intime. Qu'on y voie un documentaire transformé en journal, un polar ou une errance fantasmée, le dernier film du duo Joao Pedro Rodrigues / Joao Rui Guerra da Mata (Mourir comme un homme, Odete, O fantasma), fait de sa singularité une force.
Tourné avec très peu de moyens et une équipe très restreinte (les deux réalisateurs ont pratiquement tout fait), monté au fur et à mesure des prises de vue, véritable work in progress, La dernière fois que j'ai vu Macao part du désir de ses créateur de montrer la ville autrement. Cité de tous les fantasmes, terre de fiction par excellence, devenue ces derniers temps le Las Vegas asiatique, avec casinos, canaux vénitiens reconstitués et identités multiples, l'ex comptoir portugais nourrit l'imaginaire du cinéma noir de l'après-guerre en quête d'exotisme. S'appuyant sur cette mythologie pour inventer une enquête autour de la disparition de son amie Candy, le narrateur [qu'on ne voit jamais] nous entraîne dans une ville dans laquelle il se perd sans cesse bien qu'il y ait vécu enfant.
Le conte est là aussi, les légendes chinoises, les peurs de fin du monde, tout est possible à Macao. On se laisse donc porter par la promenade, pris par l'enquête, envoûté par la ville, étonné par ce qu'on nous montre, le mouvement, les silences, multiples images [dont certaines ne sont pas de Macao]... Comme un carnet de croquis animés, La dernière fois que j'ai vu Macao nous ouvre les portes de tous les imaginaires.