Après "La colline a des yeux", c'est au tour du premier long-métrage de Wes Craven d'avoir droit à son remake, sous la direction du débutant Denis Illiadis. Un projet qui avait de quoi faire trembler d'effroi les réfractaires à toute forme de relecture hollywoodienne, compte tenue de la réputation sulfureuse (à juste titre) du film original de Craven.
Mais à l'instar du remake de "Massacre à la tronçonneuse", cette relecture fait le pari judicieux de s'éloigner du modèle d'origine, conservant il est vrai une trame identique mais pour mieux s'éloigner du style et du ton du classique de Wes Craven. Le metteur en scène délaisse ainsi l'aspect décalé et ambigu initial pour une approche beaucoup plus sérieuse et premier degré, s'intéressant plus à la tension et à l'émotion générée par le récit qu'à la transgression chère au cinéma underground des 70's.
Si l'on se retrouve bien entendu devant un produit édulcoré afin de ne pas trop choquer le spectateur bienveillant, il émane tout de même du film d'Illiadis une violence certaine, un aspect brut de décoffrage étonnant de la part d'un gros studio, en témoigne quelques plans bien gores (voir la version unrated) et surtout la scène éprouvante du viol, ne cachant rien de l'ignominie d'un tel acte.
Bien aidé par des comédiens impeccables, dont on retiendra en premier lieu un Garret Dillahunt imposant et étonnant, bien loin de son rôle de patriarche attardé de "Raising Hope", et par la mise en scène soignée et efficace de Dennis Illiadis, "La dernière maison sur la gauche" nouvelle version est une excellente surprise, thriller domestique intense et l'air de rien plutôt transgressif dans son final (l'image de la cellule familiale y prend un sacré coup), compensant des ficelles parfois voyantes (on nous refait le coup du trauma familial et on sent que la natation va jouer un rôle important) et le sort un brin incohérent du personnage de Sarah Paxton.