Le premier film de Wes Craven n'échappe pas à la dure loi d'Hollywood et se retrouve lui aussi remis au goût du jour. Et si le but est de dépoussiérer un film extrêmement daté qui n'effraie plus grand monde, le pari est alors réussi, ce remake étant une agréable surprise maîtrisée, nerveuse et fidèle à l'original...
Car si à l'heure d'aujourd'hui, beaucoup de choses ne nous choquent plus, ce n'est pas vraiment un nouveau raped and revenge qui va nous faire frémir comme à l'époque. Nous pardonnerons donc ici fameuse scène de viol qui apparait peu impressionnante et surtout peu crédible quand la jeune et fragile Mari arrive à cavaler dans la forêt et à rentrer chez elle après un accident de voiture, quelques baffes, la chatte en choux-fleur et une balle dans l'épaule...
Scindé comme son prédécesseur en deux parties, La Dernière maison sur la gauche joue la carte du raped and revenge, ladite vengeance étant en revanche orchestrée par les parents de la victime qui découvrent peu de temps après que les patibulaires énergumènes qu'ils ont accueillis un soir de pluie, blessés et éreintés, sont en réalité les auteurs de ce crime atroce envers leur précieuse fille. La suite du film va donc devenir un massacre sanglant dans la maison, nos deux parents ayant l'écume à la bouche quand il s'agit de dérouiller trois violeurs dégueulasses.
Le retour à la bestialité étant le sujet principal du film, ils vont devenir de véritables êtres sanguinaires aveuglés par la douleur (la scène du meurtre de Francis fait d'ailleurs sacrément grincer des dents). Le bon point, c'est le solide casting composé d'acteurs soit oubliés (Tony Goldwyn, Monica Potter...) soit méconnus (l'excellent Garret Dillahunt, le jeune et brillant interprète de la série "Breaking Bad" Aaron Paul...) qui arrivent à apporter leur crédibilité à un film d'horreur viscéral.
Le petit reproche, c'est en revanche la mise en scène du réalisateur grec Dennis Iliadis qui, malgré l'intention de livrer un style nerveux, n'arrive pas à concrètement donner des frissons, son style étant aussi posé qu'un brin contemplatif, empêchant les scènes-choc d'être clairement éprouvantes. Ceci dit, malgré un manque évident de couilles et une scène finale inutilement ridicule, ce remake s'avère plaisant et dans l'ensemble réussi, redorant le blason d'un film presque oublié de Wes Craven.