Tu ne mentiras point

Nourri au lait du cinéma américain des années 90, Léo Karmann, jeune trentenaire, a mis 9 ans à mener à bien son projet de premier long-métrage, malgré un scénario original qui aurait pu être financé sans problème si son réalisateur avait été coréen (dixit le cinéaste, lui-même). La dernière vie de Simon vise ouvertement le grand public, ce n'est pas honteux, avec une histoire fantastique aux prémices alléchantes et à ignorer, si possible, avant la projection, pour l'effet de (bonne) surprise. Le film se caractérise par une grande précision d'écriture, avec un savant dosage de suspense et de romantisme, chaque détail, même anodin, jouant un rôle important. Evidemment, on peut toujours ergoter sur un certain nombre d'incohérences, pas si nombreuses, et sur la psychologie de son héros, parfois déconcertante. Au rayon des bémols figure aussi une musique souvent envahissante et une mise en scène un peu trop américano-référencée. Nonobstant, cette histoire identitaire, peccamineuse (tu ne mentiras point) et romanesque a de l'allure jusqu'à son dénouement flamboyant, Du côté de l'interprétation, correcte mais sans plus, impossible de ne pas remarquer le charisme de Benjamin Voisin. Après son rôle décoiffant dans Un vrai bonhomme, on verra le jeune comédien dans les prochains Ozon et Giannoli, excusez du peu. Tel quel, La dernière vie de Simon est une tentative assez accomplie de fantastique à la française, genre qui a donné quelques belles réalisations sous l'Occupation par exemple, ou encore avec Franju, ce qui ne nous rajeunit pas. Il semble bien qu'une nouvelle génération de réalisateurs ait l'intention de relever le gant d'un genre délaissé depuis des années dans l'Hexagone. Ce qui ne pourra que bénéficier à un cinéma français un tantinet sclérosé et coupé des plus jeunes générations.