This is the dimension of imagination. It is an area which we call The Twilight Zone...

Film fantastique de Léo Karmann. Pour sa première réalisation de long-métrage le metteur en scène choisit d'entrer par la grande porte en ambitionnant de raconter une histoire éloignée des standards actuels de l'hexagone. La dernière vie de Simon inaugure en quelque sorte une année riche en cinéma de genre pour le cinéma franco-belge.


Pour l'oeuvre qui nous intéresse, La dernière vie de Simon, il y a beaucoup à dire. Simon est un jeune garçon capable de se transformer en n'importe qui à partir du moment où il l'a déjà touché. Là où le cinéma hollywoodien aurait viré vers un film d'espionnage, le cinéma francophone et européen en général se concentre sur le premier plan, l'humain et le crédible. Comment vivre avec un tel pouvoir et surtout qu'en faire ? Si la question est rapidement mise à rude épreuve, impossible de révéler l'élément perturbateur qui va littéralement transformer le long-métrage et le propulser sur un autre plan plus dramatique.


Dès que l'on parle de drame, on pense inévitablement à des films dépressifs, des histoires trop lourdes et plombantes. Cependant, par sa mise en scène inspirée, sa photographie aux couleurs vives dans des paysages bretons somptueux, sa narration sans failles et sa bande originale entraînante, Léo Karmann choisit le conte noir, de ceux qui hypnotisent, qui marquent durablement le spectateur. Un conte qui interroge sur de belles thématiques telles que l'abandon, les changements de l'adolescence, l'amour ou encore la culpabilité. L'ensemble au travers de personnages liés par l'étrange pouvoir de Simon.


On aura rarement vu de jeunes comédiens, autant les enfants (Albert Geffrier, Vicky Andren et Simon Susset) que les jeunes adultes (Benjamin Voisin, Camille Claris et Martin Karmann), porter et tenir aussi bien des personnages pourtant aussi chargés d'histoire. Une galerie de personnages et de secondes rôles attachants et des comédiens bouleversants portés par une direction d'acteur qui joue beaucoup sur les regards aussi bien dans la gestuelle des comédiens que dans l'imagerie du cadre. Cela impose parfois de beaux silences qui constituent à eux seuls de beaux moments de grâces.


La narration, cœur de cette histoire, propose une progression maîtrisée de bout en bout. Elle conclue sur un troisième acte bouleversant et déchirant qui vise droit le cœur. Autour de cette narration, toutes les qualités du film (photo, musique, acting, ...) se rejoignent en une parfaite osmose pour former un tout substantiel. L'écriture est telle que l'on en remarque jamais les éventuelles longueurs qui viendraient entacher cette mémorable expérience. De plus, on ressent l’investissement de l'équipe de tournage où tout y est produit avec une réelle sincérité dans une histoire qui transcende littéralement les émotions.


Ce conte tragique mené par Léo Karmann est tout simplement l'un des films les plus marquants de ces dernières années. Une rencontre passionnante et détonante entre des auteurs francophones et un épisode de la quatrième dimension.

MassilNanouche
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le 6 févr. 2020

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Massil Nanouche

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