Une jeune femme, promise à un fiancée sans saveur, craque pour un autre homme et part avec lui, sans savoir que c'est en fait un maquereau. Pour lui, elle va devenir prostituée et vivre un véritable enfer dont elle va avoir du mal à s'extirper.


Tout d'abord, il faut dire que l'actrice principale, Miou-Miou, initiatrice du projet, y est extraordinaire, tant elle semble se donner corps et âme dans un rôle d'une grande noirceur. Elle se met à nu, au sens propre du terme, face à un Daniel Duval (qui est aussi la réalisateur) terrifiant en mac qui veut garder le contrôle sur sa conquête, mais qu'il bat parce qu'elle n'a pas de plaisir quand ils font l'amour. D'ailleurs, elle sera régulièrement tabassée et violée, non seulement par son mec, mais aussi par les clients, qui n'auront que peu de vergognes. Comme on le verra avec l'un d'entre eux, joué par un Niels Arestrup vraiment flippant quand il va commencer à s'emporter sur elle et son amie, jouée par Maria Schneider, et détruit tout autour de lui car elles veulent arrêter après 3h30 de sexe où elles n'en peuvent plus. Le film est d'une grande crudité, d'où son interdiction aux moins de 18 ans à l'époque, et reste aujourd'hui assez choquant par moments, car Daniel Duval ne fait rien pour rendre quelque chose de positif, c'est noir comme de l'ébène. La nudité est également montrée aussi bien chez les hommes (les clients) que les prostituées.


D'ailleurs, la mise en scène est elle aussi réussie, avec ce tout premier plan où Miou-Miou sort de chez ses parents pour rejoindre son fiancé au pied de l'immeuble : à ce moment-là, on voit une vieille dame qui s'assoit sur le gazon avec sa chaise, et elle représente à elle seule un monde qui va disparaitre au profit de quelque chose qui va être plus âpre, car le personnage de Daniel Duval va apparaitre très vite dans le film. Le choix des couleurs tend à s'approcher vers du monochrome, comme si l'âme du personnage de Miou-Miou nous était jeté à la figure durant ces près de deux heures où on ne respire guère tant tout y est crade, dégueulasse, avilissant, et qui représente malgré une certaine réalité, qu'on soit aujourd'hui ou en 1979.


L'actrice sera récompensée à la fois par un César mais aussi par un grand succès public, en dépit d'un sujet difficile, mais il y a de quoi tant le film reste encore impressionnant.

Boubakar
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le 25 mai 2021

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