Montrer le rien, l'attente, l'absence, le vide. Voilà un beau défi de cinéma. A la façon de Flaubert, qui disait écrire un roman sur le rien en écrivant Mme Bovary, Maguerite Duras sait décrire les émotions. Soyons clairs, je n'ai pas lu La Douleur. Mais j'ai lu suffisamment de Marguerite Duras pour reconnaître son style. Avec peu de faits, mais beaucoup d'effets, elle écrit un roman. Dans la Douleur, elle met en mots la souffrance et l'attente. Ce que retranscrit à merveille le film.
Sous l'occupation, Marguerite est résistante, son mari a été emprisonné, elle cherche à savoir ce qui lui est arrivé. Notamment grâce à un policier collaborationniste ambigu. Tout le récit tinet donc sur ce sentiment d'attente du retour du mari. Or l'attente est palpable. La douleur morale, est ici physique. On s'ennuie presque, on attend avec les personnages. On note donc des longueurs au film... Mais elles participent pleinement à son propos.
Le style Duras dirige la mise en scène : dédoublement du point de vue, lecture du texte, gros plans expressifs, mise en avant des doutes... Une attente devenue pire que la certitude de la mort. Mélanie Thierry est touchante dans ce rôle faussement biographique, dans sa descente aux enfers. Le récit ne s'appelle pas ''L'Attente'' mais bien ''La Douleur'' car c'est bien cette douleur qui est au cœur du film et nous questionne sur sa cause.
Louise Boutard