"La Douleur" prouve une fois de plus que littérature et cinéma peuvent faire excellent ménage. Le texte de Marguerite Duras se fond parfaitement dans la structure scénaristique à son service. Une mise en scène riche et inspirée déploie avec délicatesse et talent la dimension cinématographique de l'opulent contenu littéraire.
Mélanie Thierry est Marguerite. La douleur de l'absence, la souffrance liée à l'inconnu, à la peur de perdre l'être aimé est densément incarnée par l'actrice. On peut assimiler cette déchirure émotionnelle à un kidnapping. La guerre génère des souffrances incommensurables, le témoignage de l'écrivaine de talent donne une dimension historique et universelle à la terrible affliction de ceux qui attendent et espèrent dans la crainte, jusqu'à la folie parfois. Le temps faisant son oeuvre, la relation évolue sur un deuil qui s'installe malgré tout.
Joués dans un Paris de fin de guerre, le film transpose parfaitement ce quotidien angoissant qui n'a pas le recul du spectateur du XXIème siècle.
Une oeuvre réussie qui marquera certainement l'actualité cinématographique de 2018.