Il ne faut pas beaucoup de lieux ni de personnages à Jacques Doillon pour nous convaincre de l'authenticité de la ruralité qui est le décor du film. L'histoire de Madeleine et de François n'en est que plus juste.

Formidablement servi par ses deux interprètes, Doillon raconte la relation entre une fillette mal-aimée et l'adolescent simple d'esprit qui l'a "kidnappée". Dans le grenier-cocon où s'ébauche leur tendre amitié, chacun des deux donne à l'autre l'affection qui lui manque. De fait, comment ne pas être touché par l'innocence de ces deux enfants, par ce besoin d'amour qui se manifeste dans une relation tour à tour filiale et conjugale?

Touché et amusé aussi, en dépit de l'austérité de l'ensemble, par cette existence qui ressemble parfois à un jeu d'enfants calqué sur le modèle adulte jusqu'aux petites scènes de ménage suivies de tendres réconciliations.

L'habileté de Doillon ne tient pas seulement à sa rigoureuse direction d'acteurs mais également à sa façon harmonieuse de passer du naturalisme à la poésie. Les indices psychologiques et sociaux donnent un cadre réaliste au sujet sans lui enlever sa sensibilité ni de leur spontanéité aux comédiens.

Créée

le 18 oct. 2024

Critique lue 3 fois

Critique lue 3 fois

D'autres avis sur La Drôlesse

La Drôlesse
alanfromvegas
10

La Drôlesse - Jacques Doillon

Mado, une jeune fille à l'entrée de son adolescence est kidnappée par un jeune homme de 17 ans, François. Commence un jeu de rôle troublant qui dure quelques jours dans le grenier de la ferme du...

le 5 janv. 2011

13 j'aime

La Drôlesse
Alcofribas
9

Ravissement campagnard

Comme dans "le Petit Criminel", la profonde empathie avec laquelle Doillon filme ses personnages principaux saute aux yeux, et ne tourne jamais en mièvrerie : tout est filmé à la bonne distance — et...

le 21 sept. 2014

6 j'aime

La Drôlesse
laurentN
8

quand le sordide est dans l'oeil du voisin

Délicat film, inspiré d'un fait divers de 1974 - et qui la même année, en 1978, avait inspiré à Paul Savatier l'écriture du très beau roman Le Ravisseur. L'image finale est magnifique, qui...

le 6 janv. 2014

2 j'aime

Du même critique

Calmos
inspecteurmorvandieu
2

Critique de Calmos par inspecteurmorvandieu

Le film de Blier résonne comme une réaction au féminisme des années 70. Excessif et provocant, Blier renverse les rôles et ce sont les hommes qui réclament leurs droits, qui se refusent d'être la...

le 21 oct. 2024

2 j'aime

Marie-Chantal contre le docteur Kha
inspecteurmorvandieu
3

Critique de Marie-Chantal contre le docteur Kha par inspecteurmorvandieu

Claude Chabrol tourne une parodie d'espionnage avec la désinvolture qu'il met habituellement à la réalisation de ses films de commande. De fait, les aventures de Marie-Chantal, quoiqu'on y trouve...

le 20 oct. 2024

2 j'aime

Le Château de verre
inspecteurmorvandieu
4

Critique de Le Château de verre par inspecteurmorvandieu

Incontestablement, René Clément a su donner de la rigueur à ce drame sentimental classique, à cet adultère d'un jour entre une bourgeoise lassée et un séducteur cynique. Il est vrai également que le...

le 20 oct. 2024

2 j'aime