Il ne faut pas beaucoup de lieux ni de personnages à Jacques Doillon pour nous convaincre de l'authenticité de la ruralité qui est le décor du film. L'histoire de Madeleine et de François n'en est que plus juste.
Formidablement servi par ses deux interprètes, Doillon raconte la relation entre une fillette mal-aimée et l'adolescent simple d'esprit qui l'a "kidnappée". Dans le grenier-cocon où s'ébauche leur tendre amitié, chacun des deux donne à l'autre l'affection qui lui manque. De fait, comment ne pas être touché par l'innocence de ces deux enfants, par ce besoin d'amour qui se manifeste dans une relation tour à tour filiale et conjugale?
Touché et amusé aussi, en dépit de l'austérité de l'ensemble, par cette existence qui ressemble parfois à un jeu d'enfants calqué sur le modèle adulte jusqu'aux petites scènes de ménage suivies de tendres réconciliations.
L'habileté de Doillon ne tient pas seulement à sa rigoureuse direction d'acteurs mais également à sa façon harmonieuse de passer du naturalisme à la poésie. Les indices psychologiques et sociaux donnent un cadre réaliste au sujet sans lui enlever sa sensibilité ni de leur spontanéité aux comédiens.